Synopsis : « A Bucarest, en 1972, Ana est une jeune femme en quête d’amour et de liberté. Elle se rend dans une fête, organisée par ses amis. Ils écrivent une lettre pour la radio « Metronom 72 » qui est diffusée clandestinement par Radio Free Europe. Cependant, la police débarque et Ana apprend que quelqu’un dans le groupe les a trahies."

Avec le prix de la mise en scène, dans la catégorie, un certain regard au Festival de Cannes, avait été décerné pour ce film. La curiosité m’a attiré devant l’écran de cinéma pour découvrir cette œuvre d’un jeune auteur. Quel film, quelle force, quelle puissance cinématographique qui est subjuguée par son propos politique absolument puissant sur cette jeunesse en quête de liberté, notamment par le pouvoir de « Metronom 72 », diffusant de la musique rock, provenant des régions différentes du monde.

Ce pouvoir du son sur cette quête de liberté est la voix qui dirige toute la direction et la construction de la mise en scène durant la première partie du long-métrage. Une caméra en mouvement, en direction vers la voie et du chemin que les personnages veulent emprunter.

Une jeunesse qu’Alexandru Belc va filmer à la fois en caméra à l’épaule et proche des corps guidées par le choix et l’amour qui guide cette jeunesse, notamment très présente lors de la séquence de la fête entre les amis où l’on observe et constat cette caméra qui est un corps en mouvement comme ces personnes, elle vibre et résonne comme ces jeunes qui sont libres de leurs mouvements et de leurs choix de vie. Le cinéaste se centre sur Ana, qu’on va suivre durant tout le film, se centre alors sur sa recherche de choix, et ici à travers l’art, celui de la musique mais aussi l’amour qu’elle porte pour Sorin. La première scène est un peu à part, où elle retrouve justement son amour et on a justement de magnifiques panoramiques, en mouvements, la voie de l’amour et fuir le confinement.

Le son, constituante importante du film, elle vibre, elle ondule comme les corps que la caméra filme un élan de liberté et politique qu’incarne la musique rock, on y mentionne et entend Jim Morrison notamment, véritable idole pour cette jeunesse, dont on apprend la mort et ce signe d’avant-garde du chanteur de The Doors, mort à l’âge de 27 ans, une jeunesse sacrifié annonciateur d’un signe de l’amorce de la deuxième partie de film. Quand elle arrive, la mise en scène se transforme, elle confine, comprime ses personnages.

Le film fait parfaitement la transition avec un moment d’errance dans les rues pour le personnage d’Ana et déjà, le changement de luminosité, qui passe dans un crépuscule de la nuit, un moment de doute, de questionnement. Quand Ana rejoint ses amis, la police est là et ces corps vibrants au cœur de la sonorité musicale n’existent plus, opprimé et condamnée par les adultes qui les alignent, sur un mur, le mur du régime qui se dressent devant la voie de la liberté. Les sons musicaux se coupent laissent place aux voix de l’oppression, de la destruction de la jeunesse.

La musique disparait du récit, en coupant à la racine, l’élément incarnant la liberté, la mise en scène elle aussi est comprimé, elle n’est quasiment plus en mouvement, pétrifié et paralysé par la peur comme Ana face à ce monde qui tente de la mettre sous leur coupe et leur pensée politique. Le film vient à une réalité froide, comme beaucoup de jeunes de cette génération, on leur a détruit leur élan de liberté, le récit se passant il y a plus de 50 ans pourtant, fatalement, on peut le rapprocher à la triste réalité de notre monde contemporain, où la jeunesse est opprimée et on lui coupe malheureusement les ailes qui pourraient leur offrir la liberté de s’exprimer.

Le plan final fait à la fois écho à l’introduction, mais cette fois plus d’élan de mouvement, il ne reste que la jeunesse sacrifiée. Radio Metronom est un film à la fois sur la vibration de la liberté, mais aussi un constat plus dur d’un régime qui opprime et tue la jeunesse dans leur élan d’émancipation et leur voix à s’exprimer, et à vivre la vie qu’ils veulent. Le tout dans une maitrise totale par son sujet, par la voie de son art, le cinéma.

Lebucheronducinema
8

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le 16 janv. 2023

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