La boxe est certainement le sport le plus utilisé dans le 7ème art. Que ce soit dans des fictions telles que les Rocky et La Rage au ventre ou dans des biopics tels que Gentleman Jim, Ali et Raging Bull. Ce noble art permet d'exprimer violence, dépassement de soi et adversité.


Raging Bull se base sur l’une des plus vieilles recettes qui existe au cinéma, l’ascension et la chute d’un personnage charismatique. Ce personnage est Jake LaMotta, boxeur mythique des années 40 et champion du monde poids moyens qui ne fut jamais mis KO en plus de 100 combats. Il était surnommé le Taureau du Bronx en raison de son ardeur au combat et de sa grande agressivité sur le ring. Une agressivité qui, malheureusement, dictait également son comportement dans sa vie personnelle.


Raging Bull est aussi un film sur les méandres de la relation fraternelle, proche de celle des frères Ward dans Fighter de David O. Russell. La complexité de la complicité des frères LaMotta, Jake, l’aînée, et Joey, le cadet, arrive à faire passer la relation Jake/Vickie au second plan. Les deux relations suivent un chemin quasi parallèle, alternant amour et violence. La conclusion pour Jake sera la perte de ces deux personnes en grande partie à cause de sa jalousie maladive, sa violence incontrôlable et son opiniâtreté.


Il aurait été heureux qu’une page de cette histoire eût été écrite, celle de la revanche de Marcel Cerdan après sa défaite face au Taureau du Bronx en juin 49. Malheureusement, le sort en a décidé autrement.


Avec ce rôle d’écorché vif, Robert De Niro est dans l’une de ses plus belles interprétations. La gueule cassée lui attribue une troublante ressemblance avec le boxeur. Donnant de son temps, en s’entraînant plus d’un an avec Jake LaMotta, et aussi de sa personne, en prenant près de 30kg pour son rôle, De Niro est d’une crédibilité exceptionnelle. Pour sa première collaboration avec De Niro, l’acteur Joe Pesci s’avère être un sparring-partner cinématographique de premier choix.


Ce film est l’un des derniers films cultes du raz-de-marée du Nouvel Hollywood. Scorsese était décidément un véritable affranchi. Un affranchi des conventions et du politiquement correct qui a marqué le paysage cinématographique au fer rouge.

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le 20 déc. 2015

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Vincent Ruozzi

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