Rampage : Sniper en liberté par MVCDLM
Quand le père Uwe Boll ne réalise pas des adaptations de jeux vidéos en film, son autre passe temps est de filmer des films chocs. Au pif, en vrac: Stoïc, Tunnel Rats, Darfur et prochainement Auschwitz (dont le teaser nous laisse voir que la caméra se trouve ce coup-ci dans la chambre à gaz!), et ce Rampage aux échos étonamment positifs. Diantre. L'enfant maudit du cinéma conchié unanimement - au point que celui-ci affronte au sens propre ses critiques sur un ring de boxe! - seraient-ils en train de trouver grâce aux yeux des cinéphiles ? De festival en festival, beaucoup reconnaissent des qualités en ce film. Et bien soit, vérifions.
L'histoire: Bill (Brendan Fletcher), 23 ans, vit encore chez ses parents. Il travaille dans un garage, et semble être un pro de la mécanique. Aujourd'hui, Bill reçoit un colis: il s'agit des derniers morceaux d'une combinaison de sa propre conception en kevlar. Une combinaison pour faire quoi ? Tuer. Des gens. Plein. Bill a en effet une idée en tête et ce depuis longtemps, pour punir cette humanité qui n'a que ce qu'elle mérite. Armé jusqu'aux dents et surprotégé, il va tirer dans le tas.
Un synopsis qui n'est pas sans nous rappeler certains massacres bien réels tels que celui de Columbine. Techniquement, c'est assez pauvret: Uwe Boll ne bénéficie pas de budgets aussi conséquents que ceux de ses collègues, et ça s'en ressent un peu: rues vides, méthodes pour un peu cacher la misère (une scène où Bill entre dans un restaurant et massacre ce qui serait le personnel, sauf qu'a aucun moment la caméra ne montre les gens qu'il massacre, pour masquer l'absence de figurants), et CGI un peu cheaps (l'explosion exagérée du commissariat toute d'images de synthèse vêtue). Et c'est franchement dommage, car Uwe Boll sait quand même rendre son sujet intéressant, une fois le massacre débuté, le film réussit à ne pas tourner en rond, et être captivant de par le charisme de Brendan Fletcher et de son ironie galopante. Pas d'état d'âme, il est là pour buter, et pas donner dans la gentillesse. Une course poursuite vraiment très sympa à suivre, et qui met aussi mal à l'aise par le côté sans pitié de la chose. La musique sait instaurer ce climat de malaise. Pour mieux plonger dans le bain, Uwe Boll filme caméra au poing, et dans les scènes d'action, cela sied plutôt bien. Mais il l'utilise également dans des scènes plus calmes, ce qui est, en revanche, très épuisant, surtout quand on a affaire à deux personnes en train de simplement discuter autour d'une table! Cela se ressent notamment dans la première demie heure qui, d'ailleurs aurait gagné à être plus directe (Boll gagne du temps en plaçant ça et là des flash forward), mais toutefois, cette partie installe bien ce qui vient par la suite.
Si le film est loin d'être parfait à cause d'un manque cruel et flagrant de moyens, et quelques intentions Bolliennes assez irritantes et propres au bonhomme, il n'empêche que le résultat est plus que satisfaisant, et l'on prend "plaisir", entre guillemets à suivre ce film très honnête. Le massacre est palpitant à suivre, et varie les plaisirs. Brendan Fletcher porte le film sur ses frêles épaules de tueur caustique et sans pitié. On regrettera également que le film se termine de manière un peu abrupte, et aurait mérité une fin un peu plus développé. Malgré ses défauts, "Rampage" possède de vraies qualités, et ne nous pousse pas au regret de son visionnage. Très prenant, palpitant, sarcastique, Boll trompe tout son monde en livrant un vrai petit film au capital "sympathie" (entrez guillemets, vu le thème et le ton employé!) indéniable. Avec plus de moyens et de savoir faire gageons que celui-ci aurait gagné en saveur. Mais ce qu'il propose en fait déjà une production plus qu'honnête et il serait injuste de ne pas lui donner sa chance sous prétexte qu'il s'agisse du père Boll.