Manderley, l'ombre et l'angoisse : Un superbe thriller gothique qui prend son temps !

Rebecca marque l'arrivée réussie d'Alfred Hitchcock à Hollywood et son unique Oscar du meilleur film. Bien que ce ne soit pas son chef-d'œuvre le plus emblématique, il s'agit d'un excellent thriller gothique qui pose les bases de son style.

Les points forts

Atmosphère et Tension :

• Le film excelle à créer un sentiment d'oppression et d'angoisse. Le manoir de Manderley est un personnage à part entière, lugubre et hanté par l'absence. Le souvenir omniprésent de Rebecca, l'ex-épouse défunte, est brillamment rendu sans que le personnage n'apparaisse jamais. C'est un tour de force d'Hitchcock sur la force de l'invisible.

​Mise en Scène :

• On reconnaît déjà la patte du Maître du Suspense, notamment dans l'utilisation de la caméra pour refléter l'état psychologique de l'héroïne (l'innocente nouvelle Mrs. de Winter, jouée par Joan Fontaine), la rendant isolée et vulnérable.

​Performance de Judith Anderson :

• L'interprétation de la gouvernante, Mrs. Danvers, est glaçante et iconique. Elle incarne la loyauté fanatique au souvenir de Rebecca et la terreur psychologique qu'elle inflige à la nouvelle maîtresse de maison.

Les points faibles

Un Rythme Parfois Lent :

• Le film prend son temps pour installer l'atmosphère et les enjeux, en particulier dans la première moitié. Pour un spectateur habitué aux rythmes serrés de thrillers plus tardifs d'Hitchcock (La Mort aux trousses, Psychose), certaines longueurs peuvent se faire sentir.

​Contraintes de Production :

• L'influence du producteur David O. Selznick (producteur d'Autant en emporte le vent) est palpable. Le ton est plus proche du mélodrame romantique que du pur thriller, ce qui dilue légèrement la force du suspense par moments. La fin, notamment, est modifiée par rapport au roman original de Daphné du Maurier pour se conformer aux exigences du Code Hays (la censure de l'époque).

​Personnage Principal :

• Bien que l'actrice soit excellente, le personnage de la nouvelle Mrs. de Winter est délibérément passif et naïf pendant une grande partie du film, ce qui peut frustrer le spectateur.

​En conclusion, Rebecca est un classique incontournable et une réussite magistrale dans la création d'une atmosphère et la manipulation psychologique. Il mérite amplement sa note pour son impact visuel et son angoisse lancinante. Il lui manque cependant l'énergie et la concision de ses

plus grands succès pour atteindre un 8/9/ ou 10/10.

Note : 7/10 - Un thriller gothique captivant et superbement mis en scène, malgré quelques longueurs et une fin légèrement édulcorée.