La retraite des baroudeurs
Joli casting pour un film sur des agents de la CIA devenus pépés. Est-ce pour redonner du tonus aux mâcheurs de bouillie dans les maisons de retraite ? L'argument du film pose qu'à la retraite, on est encore en forme et opérationnel.
On veut bien, mais, de toute façon, quand les retraités s'appellent Bruce Willis, Morgan Freeman et John Malkovich, on a de la peine à voir en eux des archétypes de retraités. Mieux vaut s'intéresser à leurs personnages: Willis qui souhaite se retirer en se ramenant une jeunette pour la paix du coeur, Freeman dont le sort est scellé quand il nous dit d'entrée qu'il souffre d'un cancer du foie en phase terminale, John Malkovich paranoïaque, speedé, frustré d'avoir été sevré de meurtres, complètement fou en fait, et donc délectable à contempler. Helen Mirren est très classe en dégommeuse aux belles manières.
Le récit est modérément vraisemblable, et les méchants ne sont pas toujours là où on croit. Bagarres, mitraillages, humour, mais aussi moments tragiques. Un vrai passage drôle, quand Willis va demander les codes de sécurité de la CIA au seul endroit qui puisse les détenir: l'ambassade de Russie.
Un bon moment en somme, qui jette malgré tout une nuance de mélancolie en plaçant des comédiens aussi talentueux dans le rancart cotonneux et médicamenteux du monde de la retraite. Vu les réactions des Français face à la réforme des retraites, on soupçonne fort qu'ils ne se voient pas aussi performants quand ils seront rendus à cet âge.