Révisionnisme et American Way of Life (1ère partie)

(cette critique est faite à chaud et sera sans doute modifiée lorsque les mots auront cessé leur entrechoquement dû au passage de l'ouragan Navigator dans ma tête)

Qu'est ce que "Retour vers le futur"?
Un produit pop-corn, une rémanence de notre enfance / adolescence nostalgique nous permettant de vivre le fantasme du voyage dans le temps, au volant d'une bagnole qui a "de la gueule" (et Dieu sait que c'est vrai!) et insuffler la coolitude de l'American Way of Life Reaganienne sur ces mornes 50's qui n'auront jamais comme icône que James Dean (un homosexuel qui n'aura jamais eu l'occasion de pouvoir fièrement s'assumer de par l'homophobie de l'époque, pas mal relancée par le Maccarthysme) et Marylin Monroe (une poupée blonde qui n'avait pas besoin de chanter l'hymne Américain pour que sa bouche exprime des élans patriotiques).
Mais taratata! Grâce à au personnage de Marty McFly, digne descendant d'immigrés Irlandais, et issu d'une classe moyenne, nous aurons l'occasion de découvrir qu'aux Etats-Unis, lorsque l'on relève sa paire de manches et que l'on est un tant soit peu intelligent, on peut arriver à tout.

Marty représente typiquement le phénomène du self-made man si cher à l'Amérique: un environnement familial peu stimulant intellectuellement avec une mère alcoolique, un frère un peu demeuré travaillant dans un fast-food, un père effacé. Il est également un élève peu assidu. Et pourtant, de par la magie du cinéma Américain, il est promis à de grandes choses.

Une fois que le film nous transporte dans les années 50, Zemeckis se teste à un révisionnisme qu'il retentera de manière plus efficace (même si toujours aussi peu subtil) dans "Forrest Gump" ou "Comment l'Amérique est un tellement beau pays que même un attardé peut y finir millionnaire".

Qu'on ne s'égare pas: j'adore ces deux films, et mes notes ne sauront le dissimuler. Mais il faut le reconnaître, ils sont tous deux prétextes à la relecture de l'histoire des Etats-Unis tels que Zemeckis l'aimerait.
Les Libyens n'y sont que des terroristes de pacotille conduisant dans un van hippie (Seulement un an avant l'opération "El Dorado Canyon" c'est assez troublant).
Pas de traces de quelconques conflits dans la population Américaine: aucunes références à la Guerre Froide dans cette partie du film si ce n'est la présidence de Reagan, pas de séquelles de la guerre de Corée, et ne vous attendez surtout pas à entendre parler de la Beat Generation. Ces ordures qui ont engendré des hippies aux cheveux longs et dégueulasses n'ont pas leur place dans une ambiance heureuse, saine, où les inégalités sociales n'existent pas. Ambiance où même le balayeur Noir d'un café a toutes ses chances de devenir Maire sans que l'on évoque le Mouvement des Droits Civiques, le NAACP, ou encore l'UNIA créée par Marcus Garvey.
Non monsieur!

Et LA cerise sur le gâteau, LE moment culte: le moment où Marty McFly arrache à ces nègres fumeurs de marijeanne les origines du Rock pour la rendre aux possesseurs légitimes de la musique en tout genre: la jeunesse Blanche.
Suprême crachat sur le spectateur Noir égaré qui n'aura de cesse que de se demander à quoi bon l'existence de cette musique dans ce cas? Ne reposait-elle pas essentiellement sur la contestation des codes imposés par les générations précédentes, le plus souvent interprétée par des Noirs (ce qui avait pour effet de faire jubiler le fils de famille BCBG devant la gueule de ses parents lorsqu'ils constataient à quel genre de loisir leur rejeton s'adonnait), condamnée par les lobbys bien-pensants car représentant des "envies horzontales" sous forme de danse verticale.
...
Bref, laisse moi remettre en ordre mes idées et je te livrerai un truc un peu mieux préparé.
Sinon, je t'ai dis que j'aimais bien le film?

PS: La partie 2 s'articulera autour de "Forrest Gump"
Matrick82

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