Engagez vous qu'ils disaient!

Malgré tout le respect que j’ai pour John Ford et son imposante filmographie, ayant permis de définir toute une partie de la culture populaire et cinématographique américaine avec ses images et valeurs fondatrices d’une Amérique naissante, je reste toujours un peu extérieur (ennui poli à plusieurs moment) à ce type de western très classique dans leur déroulement ; d’autant plus quand on a été biberonné, comme moi, à Sergio Leone.

Comme dans d’autres Ford et westerns de cette époque, il se dégage une impression de déjà vu en termes de motifs visuels (une mise en scène un peu figée ; sans compter ces poursuites/scènes d’actions en mode accéléré), de musique (tous ces passages avec chansons rétro qui sentent la naphtaline) et de thématiques (courage, famille, la « menace » indienne)

Concernant cette question indienne, il faut avouer que malgré le fait qu'il ne s’agisse que d’une toile de fond ici, le regard manichéen sur cet éternel antagoniste (qui était pourtant la victime) peut s’avérer problématique ; même si Ford dans ses propos et ses futures œuvres se montrera plus nuancé.

Toutefois, il est impossible de nier qu’il ne se dégage pas de "Rio Grande" un certain charme (un peu suranné) : Ford tenant plutôt bien son intrigue (réduite au minimum avec cette arc familial, où le rôle du fils sera finalement peu exploité, sous fond d’attaque d’indien), sachant bien exploiter ses paysages (Monument Valley une nouvelle fois iconisé) et dépeignant ses personnages, bien qu’archétypaux, avec humanité ; en particulier grâce à l’interprétation sensible de Maureen O'Hara.

Quant à John Wayne, malgré un jeu un peu limité (souvent l’impression de le voir dans le même rôle), il en impose toujours autant en patriarche et soldat plus sensible qu’il n'y parait.