Le contexte est celui de la fin de l’occupation allemande en Italie. Rome a été déclarée « ville ouverte » (épargnée des combats). La gestapo traque le chef d’un réseau résistant : Manfredi. L’action se déroule dans un quartier populaire de Rome.

Pourtant basé sur des faits réels (d’autant plus qu’il a été réalisé « à chaud »), le film ne donne jamais l’impression de mettre les personnages au service d’une succession d’actions, qui témoigneraient d’une forme de résistance, de terreur ou de façon de vivre propre à ce contexte. Pas de place pour les actes héroïques et les faits d’armes. A aucun moment il ne tombe dans la démonstration. Bien au contraire, les actions des résistants ne sont pas détaillés, mais sont prétextes à des rencontres, des discussions et nous ramènent toujours aux protagonistes plutôt qu’à leurs stratégies.

Car Rossellini traite ici de l’être humain, avec une justesse et une objectivité incroyable ; la diversité et le nombre de ces personnages sont autant de façons de parler DES résistances. Celle que chacun mène avec soi-même. Celles de ces gens ternis, usés moralement par cette occupation. Celle que l’on mène, difficilement, contre la résignation, bien que celle-ci soit prête à vous tombez dessus à chaque minute. Celle d’une mère, veuve, à fleur de peau, bientôt remariée et aspirant à des jours meilleurs. Celle d’un homme d’église, essayant de soutenir ses ouailles dans cette lassitude. Celle d’enfants, énergiques, jeunes, certes mais dont les idéaux sont déjà bien ancrés. L’interprétation irréprochable de tous ces êtres donne une force immense à ces passages de vies.

Enfin, la mise en scène épurée et cette façon brute de capter la vie, les sentiments, la violence et la mort achève de nous rapprocher au plus près du sujet, des sujets.

Peut –être est-ce par la relation contemporaine du film avec son thème qu’il se démarque d’autres récits historiques. En attendant, « Rome, ville ouverte » est une œuvre intemporelle, sublimée par une humanité poignante.
Shamanlemiaou
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le 17 juin 2013

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