Roujin Z
6.8
Roujin Z

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Kitakubo (1991)

Retour demi-express sur Roujin Z, réalisé par Hiroyuki Kitakubo (notamment assisté par Satoshi Kon), d’après un scénario de Katsuhiro Otomo (Akira).

Haruko Mihashi, une étudiante infirmière, s’occupe bénévolement d’un vieil homme dépendant. Un beau jour, des messieurs du ministère de la santé vienne « enlever » ce pauvre monsieur Takazawa, afin qu’il participe à une expérimentation. En effet, le ministère de la santé publique a commandé à une obscure entreprise, un super-lit médicalisé multifonctions (alimentation, toilette, analyse médicale…), hyperconnecté, et doté d’un moteur nucléaire. Ni une, ni deux, le vieillard se retrouve embarqué dans un test qu’il n’a pas désiré, sous prétexte que sa famille a signé un papier… L'éthique du dévouement chevillée au corps, Haruko refuse cette situation, et décide de libérer M. Takazawa de sa nouvelle prison mécanique. C’est accompagnée de ses camarades de fac – qui la suivent tant bien que mal – mais aussi avec l’aide de seniors particulièrement doués en informatique qu’elle s’engage dans une telle opération. Mais ce lit dévoile peu à peu des fonctionnalités inhabituelles pour un outil médical…

Sans pitié, Roujin Z, vise droit au cœur la société la plus vieillissante du monde, devenue une « société du risque » qui évacue toute humanité de la relation de soin. La critique de l’évolution sociétale est implacable, représentant les aînés livrés par leur propre famille à la froideur de l’automation. L’humour de cette comédie « sociale » grince comme l’élément mecha, qui caricature la technicisation de l’aide aux personnes âgées. De la sympathique Haruko jusqu’aux politiciens calculateurs, en passant par le vieillard déclinant, les personnages sont archétypiques, et le rythme comme le ton de l’œuvre laissent assez peu de place à leur expression. Ironiquement c’est la technique elle-même qui, se dotant d’une personnalité, finit par rappeler aux humains l’importance d’une relation affectueuse.

Clairement, on est pas sur un visuel stratosphérique, il y a même un sacré problème de synchronisation voix-mouvements de bouche (à moins que je sois tombé sur une version pourrie à ce niveau). Certaines images, relevant d’un style cyberpunk, n’en sont pas moins marquantes et d’autre prêtent franchement à rire (jaune). Aussi, certains détails, comme la représentation de la transparence ou des reflets, sont tout à faits satisfaisants.


À voir, avec vos grands-parents, bien-sûr, ou votre tante qui bosse en EHPAD ;)

Ray_Moval
7
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le 10 nov. 2022

Critique lue 10 fois

Ray_Moval

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