Annoncer le lancement d'un nouveau S.O.S. Fantômes, et le sortir en 2021, avait tout de l'acharnement thérapeutique. Surtout depuis cette sombre année 2016, quand ce que l'on a osé appeler un remake, fémino-Saturday Night Livo-idiot, avait transformé nos chasseurs de fantômes préférés en relous indignes d'une enquête de Scoubidou.
Pour tout vous dire, j'ai failli passer à côté de cet Héritage. Avant que quelques étonnants retours positifs viennent titiller mon intérêt.
Ainsi, pour essayer d'oublier la déception procurée par Spider-Man : No Way Home, me voilà, une heure plus tard, dans une salle presque déserte. Normal, me direz-vous : le film est à l'affiche depuis quinze jours.
Si j'ai pensé pendant les premières minutes que les producteurs avaient cédé aux grands Satans du retour sur investissement en poussant à l'écran des gosses comme héros de l'odyssée, ces derniers me sont apparus, peu à peu, plus supportables. Surtout McKenna Grace. Pas étonnant en y repensant, puisque le masqué avait ben aimé la Mary qu'elle incarnait sous la caméra de Marc Webb, lors de sa diffusion sur la TNT il n'y a pas très longtemps...
Et puis je me laisse porter par l'aventure, qui devient de plus en plus agréable à suivre, sincère et bienveillante avec ce qu'elle agite sous le nez du spectateur dont le personnage de Paul Rudd s'avère l'intermédiaire.
Juste le temps de constater que la ville reaganienne a cédé la place, à l'écran, à la campagne Trumpienne reculée, ou de s'amuser d'une référence jubilatoire au Joe Dante de Gremlins, le film s'emballe et fonce tête baissée en traitant avec respect son sujet, jusqu'à un final décalqué sur la saga originale, tout en y injectant un intense sentiment de mélancolie.
Car s'il peut apparaître un poil attendu au premier abord, S.O.S. Fantômes : L'Héritage justifie son sous-titre jusqu'au bout en poussant la comédie un poil de côté pour mieux embrasser la nostalgie et l'humanité de la franchise.
Il s'agit en effet pleinement d'héritage, et plus particulièrement de sa transmission : Papa Reitman passe ainsi le témoin à son fils Jason, prenant la relève d'une entreprise familiale avec une ombre du passé omniprésente.
Il s'agit aussi de ne jamais agiter en vain des totems aisément reconnaissables de manière totalement gratuite. L'ecto-1, le piège à fantômes, les combinaisons, le détecteur, le proton pack : tous ces accessoires sont approchés en douceur, contextualisés et servent soit l'avancée de l'intrigue, soit portent une charge émotionnelle d'une étonnante force, faisant briller avec la même intensité les yeux du spectateur et ceux de Paul Rudd.
Il s'agit enfin, à l'occasion d'un final étonnamment humble fuyant comme la peste le gigantisme, de faire le deuil et de rendre hommage tant à Egon Spengler qu'à Harold Ramis, les deux figures se répondant entre la réalité et la fiction.
Il résulte de tout cela une impression vibrante et sincère d'un coeur qui bat derrière tout cela. Soit ce que l'on avait renoncé à retrouver dans une telle entreprise de dépoussiérage, rendant S.O.S. Fantômes : L'Héritage immédiatement sympathique, ressuscitant ce qui avait été jeté avec morgue dans la fosse commune en 2016.
Au point d'espérer, un de ces quatre, bénéficier d'un nouveau tour à bord de l'ecto-1.
Behind_the_Mask, fantôme des effluves croisées.