Monsieur Propre (Garanti sans spoils et sans bruit)

La grosse claque au box office US est là. Avec 50 M de dollars engrangés le week end dernier, Sans un bruit 2 rassure l'industrie sur le plan économique mais grimace lorsqu'il s'agit de renouveler le genre. Un sequel sur des rails avec comme objectif inconscient zéro idée mais aussi zéro passion.


De toute évidence et au regard du premier opus somme toute correct, il y avait de quoi miser un bon paquet de billets sur la nouvelle entreprise de John Krasinski. Ce sequel entame sa première bobine par une entrée en matière percutante à savoir l'assaut de créatures griffues et longilignes sur une petite ville des États Unis. Un amuse-bouche pas si éloigné de la force de frappe de Zack Snyder sur son remake de Dawn of the dead. L'accord tacite passé entre le spectateur et le réalisateur étant de renouer avec l'émotion première du volet précédent provoquant à nouveau l'esseulement d'une veuve et ses enfants dans une atmosphère apocalyptique. Objectif atteint haut la main pour ce raccrochage de wagons, certes un peu attendu, mais qui a le mérite d'ouvrir le champ des possibles. Mille et une perspectives sont attendues en aval avec l'idée futée de jouer plus concrètement encore avec le son.


La réthorique cinématographique de Krasinski se focalisera essentiellement sur une forme racée de classicisme : Narration ordinaire à base de déséquilibre avant afin de mettre ses personnages dans l'embarras, thématique ordinaire du père de substitution, groupes fracturés en différents endroits pour dynamiser le récit le tout agréablement enrobé de narration visuelle histoire de légitimer son titre. Reste la forme, élégante et très largement au-dessus de tout soupçon.


Si Sans un bruit 2 recèle d'autant de qualités, c'est parce que son concept est aussi étudié plus que de raison. Priver le spectateur de deux de ses sens ou du moins de les amenuir semble être la motivation première de cette suite qui travaille plus en profondeur cet enserrement par le cadre et l'absence de tout effet sonore. Le dispositif aussi ludique qu'attrayant couvre difficilement les 97 mn du film qui manque cruellement de chair mythologique mais aussi d'une identité propre à la fois complémentaire et en opposition avec l'opus précédent. Dès lors, tout se déroule dans une ambiance atone controlée par un réalisateur scindant soigneusement le métrage en séquences prévisibles et proprettes histoire de nous remettre dans le bain du film de genre sans en franchir la limite autorisée. L'étonnant renoncement dans la quête de nouveautés tant sur un plan narratif que sur la typologie de film que Sans un bruit 2 est censé illustrer démontre la crainte de déchirer le décors en un geste artistiquement anarchique afin de continuer à faire vivre une poule aux oeufs d'or capables d'engendrer quelques nouveaux venus tout aussi dépassionnés. Aux dernières nouvelles, Jeff Nichols est censé réaliser un spin off de cette franchise, espérons qu'il y trouve le moyen de renaitre et d'y injecter autre chose qu'une formule algébrique.

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le 5 juin 2021

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