On annonce un nouveau film Scooby-Doo. Les gens ne sont pas emballés et c’est compréhensible au vu des précédents. Et puis miracle : les premiers visuels tombent, ça a l’air joli, ça a même un certain charme, pas mal de monde est emballé. Alors on se laisse convaincre, on se pose volontiers devant le film et quand vient le générique de fin… on c’est surtout pris une belle douche froide.
Je vais quand même nuancer en abordant les bons points et je pense qu’il est important de les souligner. Car il y a un aspect de ce film que je respecte : ce sont les visuels. Très vite on se rend compte que définitivement il n’y avait pas beaucoup de budget, ce qui se ressent sur les textures et sur l’expression faciale des personnages secondaires. Mais j’ai pas envie de jeter la pierre pour ça, car en dépit de ce manque de moyen l’équipe créative a fait de son mieux. On n’a pas le budget pour détailler l’animation ? Alors faisons des mouvements dynamiques plus proches du cartoon que du blockbuster. Les décors ne sont pas très détaillés ? Alors jouons sur les couleurs dégradées et les lumières contrastées. Ça ne rend pas le film sublime, et ça n’épargne pas quelques fautes de goût (le monstre du climax, bordel), mais c’est le signe d’une bonne volonté qui mérite d’être saluée.
Et puis il y a des passages qui fonctionnent bien. Le passage certes cliché dans le manoir aux miroirs est très bien exécuté. Le méchant (on en reparlera) est charismatique, dynamique, un vrai point fort. On a aussi quelques bons gags, quelques dialogues bien écrits et assez drôles.
- Je déteste avoir raison.
- Par chance ça n’arrive pas souvent.
Mais si cela ne me donne pas envie d’être trop dur avec le film… ça ne le sauve pas, on est loin du compte. Car de l’autre coté de la balance on a quelques gros, très gros problèmes.
Si elle a ses fulgurances appréciables, l’écriture est de piètre qualité. La plupart des dialogues sonnent faux, la déchirure Samy-Scooby est complètement forcée, la plupart des scènes ont lieu plus parce que le scénariste l’a voulu qu’autre chose… en bref ça fait toc. On remarque dans les dialogues beaucoup de namedropping, pour du placement de produit ou juste pour la simple référence gratuite mais ça saoule vite. Et ce sans compter les nombreux passages assez gênants, genre le méchant qui se déguise en femme pour piéger Fred… en plus d’être lourd ça sert la rhétorique du « trap » chère aux transphobes… yaaaaay.
Ps - je dis pas que c’est fait exprès, c’est surement une facilité d’écriture plus qu’une pique, mais voilà volontaire ou pas la pique est là.
Et puis pour aborder le dernier gros point cet avis, à compter d'ici on va partir full spoiler.
- "Je suis Scooby-Doo." Vous pensez être le seul personnage de cartoon populaire ?
- Vous êtes qui ?
- Je suis la Warner, et je veux vous parler du projet initiative Hanna-Barbera.
Car si vous n’étiez pas au courant, ce film est un gigantesque crossover de différents cartoons Hanna-Barbera. Scooby-Doo et son gang servent de protagonistes, on retrouve Satanas et Diabolos, Capitaine Caverne et… Dynomutt ? (je connais pas ce dernier, j’ai fait mes recherches pour écrire cet avis)
Et autant je comprends l’idée… autant l’exécution est foirée. Parce que sur le papier cela permets d’avoir beaucoup de personnages secondaires hauts en couleurs. Mais dans les faits, cela pose un énorme problème quant à la direction artistique, qui en voulant jouer sur de trop nombreux tableaux se retrouve incohérente. Pour rester fidèle à mes principes je vais aborder le bon point : Satanas. Il est excellent en méchant, et pour le coup son univers visuel colle à Scooby-Doo. Satanas est cool. Par contre je ne peux pas en dire autant de Capitaine Caverne et Dynomutt. Ils n’ont rien à faire là. Le mélange des diégèses ne passe pas, malgré un update visuel très sympa pour Capitaine Caverne.
Pour conclure on a un film très bancal, plein de bonnes intentions, mais qui sonne faux. Et on a beau essayer de se raccrocher à ce qu’il y a de positif, le gout en bouche reste aussi amer que des Scooby-snacks périmés…