L'affiche de Séjour dans les Fuchun laisse à penser que le film de Gu Xiagang est une œuvre principalement contemplative. C'est loin d'être vrai même si cet aspect existe et de fort splendide façon durant les 2H30 du long-métrage. Les dialogues tiennent une place capitale dans cet ouvrage choral, autour des 4 fils d'une veuve et de leurs propres enfants. Les nombreuses conversations, Gu les filme rarement selon le principe du champ/contrechamp, laissant sa caméra vagabonder le long de la rivière Fuchun ou au milieu d'autres passants. L'effet est simple mais d'une grande poésie, ses personnages ne sont qu'éléments du monde autour d'eux, notamment la nature, magnifiée et symbole d'éternité. A l'image de ce camphrier de 300 ans devant lequel deux futurs mariés prononcent leurs vœux Dans le même temps, le cinéaste montre une ville en chantier où l'on détruit à tour de bras, avant sans doute de construire de grands ensembles luxueux ou des centres commerciaux, marqueurs de la Chine nouvelle. Il faut l'avouer, le début de Séjour dans les monts Fuchun a de quoi perturber, passant très vite d'un personnage à un autre, sans insister et sans nous donner le temps de nous familiariser avec l'ensemble des protagonistes. Le film s'apprécie sur la longueur, au gré des saisons, dans des lignes de fuite narratives qui finissent par composer une vraie symphonie, douce et pourtant tumultueuse. Ce premier segment d'une future trilogie témoigne en tous cas d'une maîtrise remarquable et donne à penser que l'on tient là un nouveau futur grand du cinéma mondial, pas moins.

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le 3 janv. 2020

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