Martin Scorsese signe ici un film d'une grande profondeur, le réalisateur serait-il schizophrène depuis le décadent Loups de Wall Street ? Silence pose la question de la foi, du pardon, et de la religion. Des thèmes qui n'intéressent plus grand monde aujourd'hui tant la masse y est hermétique.
Sur la forme, le film est magnifique. La nature, le brouillard, les personnages, ainsi que leurs costumes sont d'une beauté picturale. On se situe en 1633 au Japon, les chrétiens du Japon se font apostasier sur la place publique, et les plus tenaces subissent le Tsurushi à savoir la pendaison inversée. Les dialogues sont travaillés avec des répliques intéressantes sur le doute, le paradis et l'universalité de la religion (analogie du bouddhisme).
Il est difficile de rester de marbre devant la foi inébranlable de ces pauvres villageois japonais, morts en martyrs pour un Dieu qu'ils viennent tout juste de connaître . Mais ces villageois japonais sont transposables à tous les peuples opprimés du monde. Cela conduit à la question de la légitimité d'un Dieu qui fait souffrir ses plus fervents croyants. Ou comme le dit ce sournois Inquisiteur une religion qui fait payer la gloire au prix d'une souffrance.
Rodrigues est mis à l'épreuve tout au long du film et dans sa pure folie se met à voir Jésus en lui, mis à l'épreuve avant son crucifiement. Cependant, sa rencontre avec Ferrera marquera un basculement en lui lorsque ce dernier pointera la responsabilité de Rodrigues dans cette souffrance, ce qui le pousse à l'apostasie... et au silence pour le reste de sa vie.
Un mérité 9/10 pour un film beau et intelligent.
Le dernier point lui est enlevé pour quelques longueurs sur la deuxième moitié.