C'est consterné que l'on ressort de « Skyline ». Les frères Strause, déjà responsables de l'affreux « Aliens vs Predator: Requiem », ne semblent pas avoir retenu la leçon et nous pondent, avec leur second film, une ridicule invasion extra-terrestre vue depuis un immeuble. Car oui, à cause de probables limites budgétaires, les frangins se sont imposés une contrainte géographique (tout le film se déroule à l'intérieur du même bâtiment); contrainte dont les réalisateurs souffrent visiblement, puisque toutes les excuses sont bonnes pour tenter de s'en extraire (appareil photo, fenêtres, plans aériens, longue-vue sophistiquée). Les personnages, pratiquement dans une mise en abyme involontaire, soulignent cette impasse, étant donné qu'ils problématisent eux-mêmes cet enjeu continuellement, qui se répète d'ailleurs beaucoup, lassant très vite le spectateur.

Issus du milieu des effets spéciaux, les Strause fournissent des effets globalement crédibles, bien que les visuels semblent recopiés ici et là (« La Guerre des Mondes » ou « Matrix », par exemple). Les réalisateurs se frottent même à Spielberg et à son film cité ci-dessus en tentant de proposer une scène de tension similaire à celle de la cave entre Tim Robbins et Tom Cruise. Une tension qu'ils n'atteignent jamais et qu'ils ne frôlent même pas, tant ils ne semblent pas maitriser leur mise en scène. Optant pour une majorité de plans serrés, les frères ne construisent jamais de profondeur de champ, favorisant une approche télévisuelle et donc, forcément, moins immersive. Le problème s'avère peut-être technique, car dès que l'échelle de plan se fait plus large, l'arrière-plan perd toute netteté, ce qui semble plus lié à une question de qualité que de focale.

Desservi par des dialogues insipides qui nous rappellent les plus mauvais clichés du genre, « Skyline » ne propose rien d'original et n'essaie même pas de se démarquer de ce qui a déjà été fait (David Cronenberg réalisait en 1975 « Frissons », un film horrifique se déroulant dans un bâtiment huppé). Peut-être qu'en misant sur un second degré ou assumant pleinement le genre de leur film – à l'image de cet épilogue inutile –, les frères Strause auraient pu parvenir à un résultat moins navrant, dont quelques éléments nanardesques viennent faire sourire un spectateur fatigué.
loval
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le 13 nov. 2010

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