Une nouvelle façon d'agiter le bâton dans l'auge à cochons

Je sais maintenant pourquoi, au lieu de parler du film en lui-même, il y a eu tout un ramdam concernant Sound of Freedom à base de « c'est de la censure », « l'État (profond) soutient la pédophilie », « ils veulent faire taire la vérité » — je précise que, aussi stupide qu'elles le soient, je ne fais que paraphraser des phrases que j'ai réellement entendues ou pu lire sur internet.

Mais pourquoi n'a-t-on pas parlé du film en lui-même me dites-vous ? Parce qu'il est profondément insignifiant. Car c'est loin d'être un bon film, ni même un nanar ou un navet, juste un film « moyen moins ». Allez, quitte à parler de réalisation, et vu qu'il n'y a qu'une chose de significatif à dire sur le sujet : je trouve écœurante la volonté qu'a eue Alejandro Gómez Monteverde de vouloir esthétiser son film, de cadrer bien proprement… limite de vouloir faire du Fincher (du Fincher éco+ je précise). Ça n'a rien à faire dans un film sur la pédophilie ! Quelque chose de plus brute, plus direct, sans emphase, aurait été mieux adapté au long. Sinon, Bill Camp est bon, m'enfin, comme d'hab' quoi.

Et voilà, c'est tout ce que j'ai à dire. C'est tout ce que j'ai à dire, car toutes les autres critiques et remarques que je pourrais faire au film sont à mettre en corrélation avec des événements qui se sont passés dans la réalité : qui est le véritable Tim Ballard ? Est-il le héros qu'on nous vend ? (je précise que c'est une question rhétorique) C'est moi ou c'est bourré de facilités ? Pourquoi on n'arrête pas de m'emmerder avec la religion ? C'est mal écrit ou ce sont des dog whistle que je vois là ? Il n'est pas un peu beaucoup orienté politiquement ce film ? (moi qui croyais naïvement qu'on n'était pas censé faire de politique dans le cinéma) Pourquoi ce générique d'intro qui n'a rien à voir avec ce qu'on nous montre par la suite ? Où sont les femmes ? Ça fait un peu white savior non ? Et là, je ne parle pas de ce qui est purement extrinsèque au film : le rapport qu'ont certaines personnalités entourant Sound of Freedom avec le mouvement QAnon, la « patate chaude » qu'a eue Disney entre les mains suite au rachat de la Fox, les salles vides à cause du pay it forward, Karl Zéro, les commentaires de certains internautes pour lesquels on en vient à se demander si leur daronne ne confondait pas javel et lait maternel quand ils étaient petits (« la gauche n'aime pas le film, ça veut tout dire ! *wink* *wink* je suis très intelligent ! »)…

Bref, je ne vais pas remettre l'intégralité des thèmes, théories et autres interrogations concernant le film, des questions que je viens de me poser, sur la table. Franchement, j'ai mieux à faire, ç'a déjà été débattu des centaines de fois, que ce soit par des esprits plus, et malheureusement surtout moins éclairés que moi (coucou la loi de Brandolini). À la limite, la seule remarque que j'ai à faire, c'est : si vous vouliez à tout pris montrer au grand public « ce qu'il se passe réellement », et que vous n'avez pas les compétences pour faire du cinéma, c'était peut-être mieux de réaliser un documentaire, non ?… C'est d'autant plus ironique que le documentaire réalisé par Tim Ballard, Opération Toussaint, a fait un joli bide… C'est étrange non ? À croire que les personnes qui ont défendu Sound of Freedom ne voulaient en réalité pas parler du véritable problème de la pédophilie. M'étonnerait pas qu'ils fassent diversion. :>

Voilà, je viens d'entendre la voix de Dieu, et il vient de m'ordonner d'arrêter de parler de ce film. Si Dieu le dit, alors il faut l'écouter. Et au cas où on ne se reverrait pas d'ici là, je vous souhaite une bonne soirée et une excellente nuit.