Deuxième long de Richard Kelly, placé sur une étagère depuis 3/4 ans suite aux critiques acerbes de la projection à Cannes, Southland Tales est une espèce de long métrage d'anticipation pop et sarcastique, qui au final s'apparente plus à une vision totalement déjantée de la société actuelle.

Bon n'allons pas par quatre chemins, le choix de faire du film la suite d'une histoire publiée seulement ENSUITE en BD est particulièrement couillon, et le scénario est passablement incompréhensible, même une fois que l'histoire commence à se dévoiler.
La fin est un peu à chier aussi, genre "faut finir le film les gonzes allons y".

Bon par contre quand même y'a un truc vraiment spécial dans cet objet bizaaarre, ce truc est vraiment pop à mort et en même temps sarcasme au 3ème degré, à tous les points de vues c'est assez affolant, ça brasse des thèmes compliquées et adultes (en les effleurant certes) avec des références littéraires ou artistiques toutes les trois secondes, alors que le film est en même temps un espèce de grand bordel fluo complètement débile, vaste foutoir digérant deux décennies de science fiction et de culture pop pour en tirer une vision échevelée et délibérément kitsch. Il faut voir The Rock, qui joue explicitement comme un pied, et Sarah Michelle Gellard en ex actrice porno vedette star d'un show d' "actu/télé-réalité/porno" dont les thèmes favoris sont le social, la guerre, la politique et la "teen horniness", il faut donc voir ces deux gonzes expliquer pleins de passions et de fierté à un flic défoncé à une drogue de synthèse bizarre leur script de film de politique fiction complètement débile et plein de clichés, et puis se rendre compte quelques demi heures plus tard qu'ils viennent en fait de décrire le film lui même pour voir une idée de ce que donne Southland Tales.

Donc au final : un vaste maelström d'influences pas du tout déguisées à moitié touillé pour donner au final une sorte de manifeste pop sur le bordel ridicule et dénué de sens ou de morale qu'est le monde actuel, le tout en ayant apparemment la volonté d'être le plus débile, visuellement toc et scénaristiquement "lame".
Entre les mouvements rebelles de "Wild Palms", l'aspect fin du monde de "Strange Days", un ton général et des péripéties proches de "Total Recall", des scientifiques à la con sortis d'un "Austin Powers" et des espèces de scènes couillonnes où Justin Timberlake se prend pour "The Big Lebowski", influences pas du tout masquées, mais au contraire, récupérées, moquées ou alors (délibérément?) copiées foireusement, on ne peut pas dire que ça ressemble vraiment à quelque chose d'autre de connu en tout cas, en tout cas les trois premiers quarts du film possèdent du coup tout de même une personnalité réjouissante, sans qu'on réussisse vraiment à dire au final si on se trouve devant une parodie particulièrement maligne d'un nanar ou devant une authentique merde boursouflée.

Assez bizarre donc, mais tout l'aspect grand bordel pop nawak prétendant parler de choses sérieuses se retrouve totalement bien vu, à l'image d'un monde incompréhensible, où les onglets "People" "Insolite" et "Politique" de Yahoo News auraient fusionnés. Un point poussé jusque dans le casting, où l'on retrouve une sélection de vedettes en tocs, acteurs de seconde zone, rescapés de séries télés et de films débiles dans des rôles auquel on a du mal à croire.

Boueh allez, je dirais que j'ai pas mal aimé quand même.
(assez pour commander la BD...)
Tybalt
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le 14 oct. 2010

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Tybalt

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