https://www.youtube.com/watch?v=sObyG9bTf5A

Voilà probablement la plus grosse déception et la plus grosse frustration de toute la prélogie, elle-même très décevante. Au-delà de l'innocence enfantine du premier épisode, de la romance à deux (trous de) balles du second, il y a La Revanche des Siths, l'épisode clé, celui qui devait unifier ces deux trilogies et devait marquer le passage d'Anakin en Dark Vador, le plus grand méchant de l'histoire du 7e art. Là où tout devait se terminer dans un souffle épique brûlant, on peut aisément dire que ce troisième épisode a fait un énorme plouf, que ne saurait renier le Titanic.

En 1980, soit 20 avant, sortait l'Empire Contre-Attaque. Cette date marquait un tournant, puisque Lucas, tout auréolé du succès phénoménal de son premier épisode décide de laisser la réalisation à Irvin Kershner. Pourquoi je vous parle de ça ? Parce qu'avec un mec comme Kershner aux commandes de La Revanche des Siths, le résultat aurait pu être un peu moins catastrophique. Kershner, c'est un professeur d'université, l'ancien de Lucas d'ailleurs, qui a réalisé quelques longs métrages dans sa carrière. Ce qu'il apporte à l'épisode V est phénoménal. Et c'est ce qu'il manque grandement à cet épisode III.

Parce que Lucas semble totalement dépassé par les évènements. Il pose sa caméra n'importe où, tente des choses qu'il ne devrait pas tenter (certains plans dépassent l'entendement), et surtout ne contrôle pas ses acteurs. Ewan McGregor essaye de se maintenir au-dessus du niveau de l'eau, McDiarmid (qui interprète Palpatine) est en roue libre totale, et son rire m'énerve à chaque fois, Natalie Portman s'est transformée en plante verte et Samuel L. Jackson a pris le pari de froncer les sourcils pendant le plus longtemps possible. Il est en compétition avec Hayden Christensen qui pourtant (et ça me fait mal de dire ça) est le seul qui semble s'investir dans son rôle. Même si celui-ci est écrit avec les pieds.

Oui les pieds parce que Lucas, semble avoir écrit avec les yeux bandés. C'est, pour moi L’ÉNORME défaut du film. C'est dire s'il est gros.
Ca commence bien pourtant, le début est sympa, réussi au niveau des effets spéciaux (ce n'est pas le cas tout le long du film), on retrouve l'humour typé de la saga, même si R2D2 se ridiculise et devient une caricature de lui-même, l'ouverture est globalement réussit. Et puis le néant. Le passage à vide. Plus rien, on voit les personnages se parler sur fond verts, sur lesquels ont été incrusté un Coruscant complètement plat et sans vie, et on suit, ébahi, la transformation d'Anakin.

Qu'on se comprenne bien, s'il y avait bien une chose pour laquelle Lucas ne devait pas se planter c'était ça. Comment Anakin passe du côté obscur ? Comment devient-il Dark Vador ? Comment vous expliquer le résultat.... Anakin devient Dark Vador parce que cétait un gros con, complètement débile, prêt à croire tout ce qu'on lui raconte, au point de tuer tout une ribambelle d'enfants, transi d'amour pour une plante verte qu'il finira par tuer. Voilà. Ca fait mal mais le constat est là. C'est mal foutu, on ne retrouve pas du tout les traits de Dark Vador, jamais on ne croit qu'il est ce génie du mal, tant on a l'impression d'avoir à faire à un gamin mal élevé qui ne sait jamais ce qu'il veut et qui décide que, finalement, ben avec sa tronche de cul et son rire (qui ressemble plus à un étouffement d'ailleurs) débile, Palpatine est digne de confiance.

Mais je suis mauvaise langue. Je ne me suis pas ennuyé devant cet épisode. Contrairement au précédent qui s'étendait en mièvrerie, celui là réussit à divertir, tout en gardant un niveau d'intelligence relativement bas. Il faut quand même retenir la fin. Je ne parle pas de la séquence de baston entre Anakin et Obi-Wan que je résumerai par ça : http://tinyurl.com/ny7cao9 ; je parle de l'épilogue. La dernière réplique d'Obi-Wan envers son apprenti, qui est en train de se dorer la pilule, est forte et pleine de sens, et sa portée aurait pu être encore plus importante si le reste du film avait été différent. La réaction d'Anakin affirme son passage du côté obscur une bonne fois pour toute, avec ce déversement de haine et sa transformation physique en Dark Vador. Je passe la naissance des jumeaux et l'enterrement de Padmé, mais je veux dire un petit quelque chose sur les ultimes plans, définissant le destin de Luke et Leïa.

J'ai beaucoup pesté envers Lucas. Mais je ne lui enlèverai pas ce qu'il a réussi à faire avec cette fin. Reprendre un plan de l'épisode IV pour marquer l'arrivée de Luke sur Tatooine n'est pas que du simple fan service. C'est une façon de boucler la boucle, de revenir aux origines de la saga, celle qui l'a rendu riche et célèbre. Et je regrette que la mélancolie qui se dégage de ce dernier plan, ne l'ait pas habité tout au long du film et de la prélogie. S'il avait essayé de coller à l'ambiance qui faisait l'identité de Star Wars plutôt que d'aligner ses (nombreux) dollars, pour nous servir de la bouillie numérique les 3/4 du temps, peut-être que le résultat aurait été différent. Peut-être qu'avec cette mentalité, Lucas aurait écrit différemment, aurait réfléchi avant de pondre cette prélogie.

Je suis un fanboy de l'univers Star Wars, je ne m'en cache pas. J'ai appris à aimer l'univers, à aimer ses personnages, cette ambiance. La prélogie m'avait déjà laissé de marbre au premier visionnage. Aujourd'hui après une nouvelle chance, le résultat est le même. Lucas a tiré sur son oeuvre, l'a sabordée et l'a coulée avec le même rire et sourire de Palpatine. L'argent l'a conduit au côté obscur, et il n'est pas prêt d'y revenir.

http://www.senscritique.com/liste/Star_Wars_c_est_dans_9_mois_mais_je_vais_pas_attendre_la_vei/828692

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le 23 mars 2015

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