Attention, certains éléments de l’intrigue sont esquissés ici.


Fin d'une décennie, fin d'une saga. Les années passent et les souvenirs défilent encore. 42 ans qu’une génération entière vit les yeux levés vers une galaxie très lointaine. Car quand les gens parlent de Star Wars, c’est souvent pour évoquer un souvenir, une séance, une enfance. Quelque chose qui fait indirectement parti d’eux. Alors comment refermer une telle mythologie ? Peut-elle avoir seulement une fin ? La postlogie pourrait ainsi se résumer en une réplique : « A thousand generations live in you now » ; puisque son existence même repose sur ce pouvoir de transmission, sur ce père s’unissant à son fils par la force d’un film et sur cette nostalgie qui alimente encore le cœur de millions de fans aujourd’hui. Car Star Wars, c’est la promesse d’un rêve, d’un spectacle que seul le cinéma peut offrir. Mais les temps ont changé. On cherche alors dans nos âmes d'enfant la force nécessaire pour anticiper la déception ; cette même force qui nous animait gamin, en agitant nos sabres lasers dans la cour de récré. Le temps des adieux a sonné. On s’y prépare à cette fin qui a tout d’un échec. Puisque STAR WARS : L’ASCENSION DE SKYWALKER ressemble davantage à une attraction bien rodée (c’est Marty qui va être content) ayant perdu sa capacité d’émerveillement. Laissons-donc Lando confirmer ce que l’on craignait : « I Have a Bad Feeling About This ».


Et pour le coup, ça pa(lpa)tine beaucoup. Quelque chose s’était pourtant réveillé. L’aviez-vous senti ? Ce n’était donc qu’un leurre ? Car L’ASCENSION DE SKYWALKER ne sort jamais de son cadre bien calibré. Comme l’impression d’assister à une partie de bowling où les bumpers seraient de sortie : sans prise de risque ni envie de toucher à l’inconnu, le strike est assuré contrairement au plaisir de se frotter à la rigole ; et aux dynamiques émotionnelles que cela induit. La logique semble avant tout commerciale. Puisqu’en gardant la boule sur la piste, les « fanboys » devraient se garantir une bonne dose de plaisir en s’assurant de bien faire tomber les quilles du cahier des charges. Et si ce dernier volet pourra être considéré comme une claque, celle-ci ne m'a jamais effleuré.


Star Wars VII : Le Réveil de la Force avait pour lui son émotion enfantine ; ou plutôt ce plaisir espiègle de l'aventure spatiale. Abrams semblait avoir parfaitement assimilé la recette Spielbergienne où l'humour, l'innocence, le lyrisme et les figures iconiques se mêlent à une œuvre de divertissement / d’entertainment avant tout. De cette nostalgie, il en avait extrait une matière sur laquelle bâtir quelque chose de nouveau, – comme il l’avait déjà fait brillamment avec Super 8 – un cinéma du mouvement où la question de l’identité et des origines était déjà centrale : toute la problématique de ramener des disparus chez soi, de se construire une famille en dehors des liens de sang et de tuer les icônes en douceur dans une confrontation père et fils. Cet épisode VII était clairement l’opus de la transition, de la tradition à la modernité, celui d’une renaissance pour une nouvelle génération de spectateurs.


Car Le Réveil de la Force avait ce caractère extrêmement vivifiant ; la puissance de la nostalgie étant totale et l’exécution précise, calibrée certes, mais toujours avec cette volonté de faire vibrer les spectateurs dans un même élan d’hommage et de renouveau. On y retrouvait un certain talent pour faire surgir une émotion, une sensation, un sentiment universel. C’est probablement en vue de retrouver cet aspect fédérateur qu’Abrams fut appelé à la rescousse pour tenir les rênes de cette conclusion. On pouvait dès lors envisager cette dernière aventure comme un numéro d'équilibriste entre le nouveau et l'ancien, entre le risque et le fan service, dans un même objectif de conclure la saga en lui redonnant un certain prestige.


Star Wars VIII : Les Derniers Jedi arrivait quant à lui à s’affranchir de cet héritage (ou du moins, à prendre le recul nécessaire dessus) sans jamais perdre de sa spectaculaire ambition. Au contraire, l’œuvre tendait au lyrisme et proposait une conclusion aussi surprenante que mémorable ; tout en questionnant l’inutile « idolâtrie » imposée par un tel monument. A l’instar de ce Snoke semblable au compositeur d’Under The Silver Lake ; une figure omnisciente qu'il fallait tuer pour pleinement se tourner vers l'avenir. Rian Johnson y dépeignait alors un univers « gris » où l'obscurité allait de pair avec la lumière et où chaque personnage révélait fragilités et conflits internes. « Let The Past Die » déclamait-il haut et fort quitte à s’attirer les foudres d’une partie du public. Autant l’affirmer immédiatement : rien de cela n’est présent dans cet Episode IX. Une renaissance qui se termine donc en crépuscule. Et c’est bien dommage.


« Comment rebâtir une rébellion à partir de ça ? » Des mots qui sonnaient la conclusion des Derniers Jedi. Restait alors cette image pleine d’espoir ; celle d’un enfant faisant d’un manche à balai, un sabre à brandir face aux étoiles : l’image d’une nouvelle légende pour nourrir l'espoir d'une toute nouvelle génération. Est-ce donc cela cette mystérieuse « Ascension » ? Malheureusement non. Abrams prend position ; choisissant la nostalgie mythologique face au spleen mélancolique instauré par Johnson. L’ASCENSION DE SKYWALKER sera donc cet énième retour aux pères fondateurs. Le mythe est laissé de côté ; « pas touche aux icônes » nous dit Abrams. Un rappel à l’ordre qu’il insert grossièrement dans son œuvre via une réplique insistant sur le respect que l’on doit à l’arme des Jedi. L’ASCENSION DE SKYWALKER poursuit néanmoins cette confrontation aux reliques et questionne l'usage qu'il faut en faire : les renier ? les brûler ? Abrams choisit la voie de la transmission et du secret ; des sabres que l’on cache pour mieux les léguer.


Pourtant, l’édifice se fragilise, les fissures en révèlent d’autres et tout pointe vers un plaisir déceptif ; le poids du mythe étant devenu trop imposant. Il faut dire que L’ASCENSION DE SKYWALKER est assez effronté dans son révisionnisme nostalgique ; on sent toute l’animosité envers l’épisode VIII et la volonté d’Abrams de revenir sur des choix préétablis. Un revers de veste pour le moins inutile tant il impose des choix encore plus discutables : la mise en retrait du personnage de Rose, le retournement sur les origines de Rey, la trajectoire précipitée de certains personnages, etc. Il s’en remet à un univers bien codifié, ne cherchant jamais à étonner ou à devancer son public dans ce monde mirifique qui ne lui montre que des portes ouvertes. Comme le temps d’une obscure résurrection – celle de Palpatine – qui n’est que le prétexte à une réaffirmation de la force qu’avaient les opus originaux.


C’est là qu’on s’aperçoit que plus rien ne sera comme avant. Sur l’écran, le titre, aussi imposant soit-il, semble avoir perdu de sa grandeur. La grâce, elle aussi, n'est plus dans ces étoiles. À peine arrivent-elles sous nos yeux, les annonces paraissent déjà lointaines. Le signe d'une saga arrivée à bout de course ; à force de vouloir capitaliser sur des icônes et la nostalgie qui leur est associée. Le titre disparaît une dernière fois dans les confins de l’espace. La passion aussi. La symphonie d'ouverture a elle aussi perdu en émerveillement ; devenant presque banale et « générique ». Même si la musique de John Williams accompagne toujours aussi prodigieusement la saga. Les frissons ne sont plus tout à fait là et c’est avec une sensation d’épuisement que nous entrons dans L’ASCENSION DE SKYWALKER.


Vitesse-lumière enclenchée ; chaque séquence s’enchaîne comme ces sauts en ricochet dans l’hyperspace. Le résultat est pour le moins sportif ; la première partie se détruisant elle-même sous cet effet continu d’accélération. Une cadence infernale, difficile à suivre, qui égare donc rapidement le spectateur entre deux planètes. Ironie du sort, L’ASCENSION DE SKYWALKER endommage son vaisseau dès l’ouverture et ne laisse qu’un Falcon abîmé que la seconde partie s’évertuera à rafistoler. Emballé, le film l’est, nous un peu moins. Car l'action est globalement trop rapide et le mixage sonore trop étouffant pour laisser véritablement les scènes respirer ; une dévalorisation qui conduit à l’absence de vrais morceaux de bravoure.


La générosité de J.J. Abrams ne laisse pas indifférent, c’est certain. Mais le manque de retenue finit par se retourner contre l’œuvre elle-même, dans sa volonté d'en finir de la plus belle des manières. Maladroit par sa densité, L’ASCENSION DE SKYWALKER donne l’impression de n’avoir rien d'autre à raconter que la fin de sa propre histoire, poussé par cette envie d'en finir au plus vite avec toutes les lignes narratives. Abrams se laisse dépasser par les événements et impose la sensation d'avoir voulu synthétiser la matière de plusieurs films en un seul épisode. Cette accumulation vide ce volet de toute substance et confère invraisemblance et surréalisme à une œuvre qui manque clairement d’angles et de structure ; le récit mettant en place tout un tas de raccourcis et de retournements qui nuisent gravement à la dynamique émotionnelle de l’œuvre. On ne peut imaginer la force qu'un Damon Lindelof aurait pu apporter à l'écriture ; ne serait-ce qu'en termes de limpidité, de rythme et de densité émotionnelle. Ici, tout s'assemble de manière assez bordélique pour ne pas dire surréaliste. Tout n'est effleuré qu'en surface dans une intrigue allant piocher une nouvelle fois du côté des premiers épisodes (IV, V et VI) ; et qui ressemble d’une certaine manière à un miroir inversé du destin d'Anakin.


« Never Be Afraid of who you are ». L’ASCENSION DE SKYWALKER scrute donc une nouvelle fois le questionnement identitaire de ses personnages : ce pouvoir de renier son origine pour adopter une famille de procuration ; l’importance du nom que l’on choisit de prendre, des souches, des fondations et de la généalogie. Tout amène à cet accomplissement de soi ; Rey n'étant plus tiraillée par une quête de vérité, entre obscurité et lumière. Le trauma disparaît alors et s'efface pour ne révéler que des intrigues de surface qui ne creusent jamais complètement leurs thématiques. La grande question est alors sur toutes les lèvres : le grand détournement scénaristique a-t-il eu lieu ? J.J. Abrams a-t-il fait sa pirouette narrative ? Une réconciliation mais à quel prix ? Alors oui, il recule là où Johnson s’était montré culotté. Mais pourquoi vouloir lier à tout prix les origines de Rey à la mythologie de l’univers ? En quoi faire le choix de lui donner une généalogie quelconque serait pénalisant ? Au contraire, en orientant son récit vers une force indépendante de tout lien de sang, Johnson renforçait la force même de son personnage ; une Daisy Ridley, qui plus est, toujours lumineuse et imposante. Pourtant, L’ASCENSION DE SKYWALKER semblait assumer un côté sombre dès son ouverture ; pour au final se révéler bien moins obscur qu’il ne le laissait croire. « Vous ne m'obligerez pas à haïr » déclame Rey face à Palpatine. Peut-être est-ce là la parfaite synthèse de cet épisode qui ne se décide jamais à basculer dans le côté obscur du risque et à contempler la chute tragique de ses icônes.


Alors oui, il y a quelque chose de « fanatique » au cœur de cette ASCENSION DE SKYWALKER ; comme le reflet d’une époque obscure où le Mal se cache parfois dans un amour destructeur, pour ne pas dire contre-productif. Une relation si intense avec une œuvre que les créateurs (ou plutôt producteurs) se sentent obligé de répondre aux envies des fans sans avoir la distance nécessaire pour communiquer une vision unique et cohérente. « Je pense qu’approcher tout processus créatif avec cette idée [rendre les fans heureux] serait une erreur qui mènerait probablement à un résultat à l’exact opposé », a d’ailleurs déclaré récemment Rian Johnson (source : IndieWire). Difficile de ne pas être en accord avec ces propos tant L’ASCENSION DE SKYWALKER semble nourri par cette volonté de satisfaction générale et ce désintérêt croissant vis-à-vis d’une œuvre qui ne hante jamais notre esprit.


Dans son imagerie, Abrams se fait néanmoins plaisir en introduisant de nouveaux personnages et créatures. Il joue sur les images des précédents volets quitte à faire de nombreux échos visuels au passé de nos héros ; d’une épave à l’élévation vers la force. Il faut dire que L’ASCENSION DE SKYWALKER ne manque pas d’idées visuelles réjouissantes et de plans iconiques : à l’instar de cette ligne lumineuse bleuâtre scindant l’écran de manière symétrique et illuminant la course d'un Adam Driver / Kylo Ren en état de grâce dans le décor de l'empire fantôme. C’est à se demander ce qu’un Zack Znyder aurait pu apporter à un tel univers, ne serait-ce que pour cette démesure graphique. Quoiqu’il en soit, Abrams aurait gagné à donner à cet épisode IX des airs de tragédie grecque, voie qu’avait emprunté l’Episode III - La revanche des Siths, et qui bien qu'imparfait, maîtrisait davantage son dénouement. Ici, l’atmosphère est étouffante et n’arrive presque jamais à nous mettre en immersion.


Une atmosphère où la mort plane et ne laisse personne indemne : des derniers soupirs, des « évaporations », une héroïne qui ne survit pas à celle qui l’incarne... Mais c’est aussi un partage de vie qui est au cœur du récit : Rey en vient à guérir des « monstres » pour les guider sur le droit chemin (le parallèle avec Super 8 paraît alors évident) dans un partage de forces vitales. Et là où les disparitions s’enchaînent, ce sont aussi des fantômes et des visages qui viennent enlacer le spectateur. Les légendes nous tendent la main, enlèvent leur masque ou nous attirent dans une étreinte. Cependant, même si « personne ne disparaît vraiment » (pas même les mythes, pas même les légendes) et que les êtres aimés vivent toujours en nous, L’ASCENSION DE SKYWALKER impose trop facilement sa victoire de l’amour face à l’obscurité ; et ne fait qu’enchaîner un certain nombres de situations attendues (voire prévisibles).


Jusqu’à cette dernière demi-heure aussi dantesque que palpitante. Car c'est de la descente en Enfer qu'émergera la lumière. Avec ce dernier acte à vous donner les frissons, L’ASCENSION DE SKYWALKER apaise le sentiment de déception et invite à une réconciliation. Tout se déploie alors dans un chaos parfaitement opératique. Et ça fait bim, bam, boum. On ramène un nouvel espoir et on détruit une nouvelle étoile noire ; plus souterraine et invisible. On imaginerait presque les Ewoks revenir accueillir les héros et festoyer en musique autour d'un joli feu de camp. Il faut dire que Le Retour du Jedi n’est jamais loin dans ce dernier acte réjouissant. La victoire assurée, c’est ainsi l’heure d’accepter clairement ses origines et de retourner sur la terre de ses véritables parents pour mieux affirmer son identité. Avant de regarder une dernière fois vers l'horizon et son soleil couchant (plans magnifiques, au fort écho nostalgique) ; puis de s'éclipser dans la lumière d'une saga pour le moins éternelle.


Evidemment, le sentimentalisme de l’œuvre ne peut laisser indifférent. On aimerait presque lui chanter les mots de Gainsbourg, la tête baissée, le regard encore embué par une tristesse résolue, entre déception relative et adieu difficile : alors oui, « je suis venu te dire que je m’en vais ». Et les larmes n’y pourront rien changer. Ressenti contrasté, manque de subtilité, chanson de circonstance ; deux personnes qui ne se comprennent plus : un spectateur fidèle face à une saga qu’il ne comprend plus. C’est donc cela grandir ? Se confronter à un mythe de l’enfance et le voir partir sans panache ni surprise ? Peut-être. La déception est grande. Les larmes coulent parfois mais le plaisir n'est déjà plus là. Face à l’envergure d’une telle saga, il est évident que cette ASCENSION DE SKYWALKER déçoit. Plus régressif que jouissif. Plus d’amertume que de plaisir. Trop sage sans doute pour pouvoir rivaliser avec une Œuvre incandescente. Et à la question : « Tu la sens ma bonne grosse déception ? », je peux maintenant répondre : « I Can Feel it ». Néanmoins, c’est l’œil encore mouillé que nous disons au-revoir à ce vieux copain qui n’a plus grand-chose à nous raconter. Mais il y a encore de la lumière au bout de ce chemin. Et il serait dommage de ne pas être ébloui une dernière fois avant que la légende ne sombre, elle aussi, dans une nouvelle nostalgie. « Tu n'es qu'un souvenir » ; ce pourrait bien être là les derniers mots à adresser à la saga.


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blacktide
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le 18 déc. 2019

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