T’AS PAS CHANGÉ – 13/20

Comédie douce-amère et nostalgique, T’as pas changé sait se faire piquante lorsqu’elle confronte ses personnages – trois amis de lycée – à ce qu’ils sont devenus trente ans plus tard. L’heure d’un bilan pas très glorieux.

Jérôme Commandeur brosse le portrait à la fois pathétique et touchant de ces trois quinquas aux comportements souvent problématiques, entre aigreur et ego mal placé. Le ton flirte avec le cringe et la gêne, mais reste toujours contrebalancé par une tendresse jamais démentie.

Il parvient à maintenir cet équilibre grâce à la finesse de son écriture, incisive et bienveillante, trouvant toujours le bon mot au bon moment. Il n’épargne pas ses personnages, mais on sent qu’il les aime profondément. L’humoriste sait donner du rythme à son récit – qualité essentielle à une bonne comédie – et jongler avec les émotions grâce à son sens aiguisé du dialogue, capable d’être vachard ou tendre selon le moment. Il n’est d’ailleurs jamais meilleur que lorsqu’il aborde le registre de l’occasion manquée, des espoirs déçus et des ravages du temps tout en conservant une flamme d’humanité : un entre-deux qu’il maîtrise parfaitement.

Le quatuor Paradis – Laffitte – Damiens – Commandeur fonctionne vraiment très bien, et ils sont remarquablement bien entourés (Olivia Côte, Zineb Triki, Catherine Hiegel…). Mais une performance crève véritablement l’écran : celle de Delphine Baril, hilarante et très juste en ancienne lycéenne toujours remontée contre ses anciens camarades trente ans plus tard.

T’as pas changé ne dépasse pas tout à fait le statut de comédie feel-good, nostalgique et réconfortante, mais permet de passer un vrai bon moment tout en installant le style à la fois doux et corrosif de son réalisateur. Et on s’en satisfait tout à fait.