Tammy and the T-Rex
5.1
Tammy and the T-Rex

Film DTV (direct-to-video) de Stewart Raffill (1994)

Tammy and the T-Rex ( Stewart Raffill, U.S.A, 1994)

Le premier problème (et le principal) de ‘’Tammy and the T-Rex’’ est que les concepteurs de l’affiche n’ont même pas été capables d’écrire le prénom de l’héroïne correctement, puisqu’elle est créditée en tant que Tanny. Non Tammy. Ce niveau de professionnalisme aléatoire n’est pas l’unique dysfonctionnement d’une œuvre qui ignore à quel public elle s’adresse.
Tourné en une dizaine de jours, d’après un scénario rédigé une semaine (au point que sur le tournage les acteurs proposaient des améliorations au scénar’), après qu’un type soit entré en contact avec Stewart Raffill. Expliquant qu’il est actuellement en possession d’un T-Rex mécanique, qu’il aimerait faire jouer dans un film, il convainc le cinéaste qui trouve l’idée formidable.
Torchant une pré-production, rushée en moins d’un mois, sur un postulat complétement con, Raffill écrit l’histoire de Tanny et de son petit ami Michael. Ce dernier, victime de harcèlement, est laissé pour mort dans un zoo. Son corps, encore en vie, est volé par un savant fou libidineux venu d’Europe de l’Est, qui lui ouvre le crane à la scie sauteuse, alors qu’il est encore en vie. Il lui retire son cerveau afin de le mettre à l’intérieur d’un T-Rex mécanique…
À partir de là, ce qui se passe à l’écran, est à la merci de votre bon sens. Alternant entre affliction et fascination, la suspension consentie de l’incrédulité se fait défoncer sous nos yeux par une logique qui t’emmerde. Tapant dans le sonore et le dégueulasse, c’est sale. Car en plus d’être vulgaire, gratuit et pas drôle, aucune logique tangible ne se dégage du film.
Visiblement pensé comme un Teen movie, avec Denise Richard et Paul Walker, alors adolescents, rapidement le film plonge dans un gore des plus cradingue. Avec ses effets spectaculaires, et plutôt cool, il est loin d’être destiné à un public jeune. Comme si ses créateurs avaient perdu le contrôle total, en se disant ‘’ça va, ça passe’’.
En regardant l’équipe techniquement, et les personnes à l’origine de ce projet, ce sont des hommes entre 40 et 60 ans. Ce sont eux qui véhiculent une idée précise de ce qu’est l’adolescence américaine en 1994. Des jeunes écervelés qui ne pensent qu’au sexe. Mal aisant à souhait, la palme revient à la séquence finale, d’une bêtise sans nom.
Je ne spoil pas, car faut le voir pour le croire, mais sachez juste qu’elle met en scène une adolescente habillée avec des fringues sexy, qui fait un strip tease… Douteux.
‘’Tammy and the T-Rex’’ pourrait être un trip sympa, comme il en existe pas mal au milieu des années 1990. Mais il semble avoir été fait pour de mauvaises raisons. Sans assumé totalement son côté horrifique hyper graphique, il s’enfonce dans la surenchère. De plus, assumant difficilement sa nature de Teen movie, il en résulte une œuvre hybride qui convoque conventions et clichés, mêlant les genres, sans jamais choisir avec lequel danser.
Le métrage peut ainsi être perçu comme un gros ratage (ce qu’il semble être), comme du pur génie (faut pas déconner), ou simplement l’illustration over-the-top du manque d’imagination d’un Hollywood qui peine à se renouveler. Puisant à tous les râteliers, en 1994 les dinosaures ça fait vendre, le Teen movie connaît la fin de son premier âge d’or, le gore est une valeur sûre, tout comme la comédie lourdingue.
Au cœur de la production globale, il est difficile de lui trouver une place. Dans un premier temps, les producteurs ne sachant comment le vendre firent enlever tous les passages gore. Pour n’en retenir que l’aspect Rom Com. D’une ado avec un T-Rex mécanique, je le répète. Ils n’ont même pas essayé de faire croire que c’était un vrai dinosaure. Rien que là, la paresse des créateurs est criante.
Ayant vu la version Unrated, je n’ai pas de point de comparaison, mais si le film ne résulte qu’à un Teen movie romantique un peu absurde, il ne fait plus aucun sens. Parce qu’au moins avec les séquences sanglantes, il y a de quoi se mettre sous la dent. Avec son faux second degré mal joué à côté de la plaque, qui se veut détaché pour dédramatiser l’horreur d’un scénario idiot.
‘’Tammy and the T-Rex’’ c’est une production comme on en voit plus, qui réunit deux acteurs montant, appelés à devenir des stars dans les années à suivre, avec un postulat et un traitement totalement perché. C’est incroyable que des types ont pu mettre ça en boite, que ce soit sorti d’un studio, pour parvenir jusqu’à nous.
Clairement pas un bon film, il mérite tout de même d’être vu. Ne serait-ce que pour son incroyable WTF ? ambiant. En vrai je ne sais toujours pas totalement à quoi j’ai assisté. J’ai encore du mal à croire ce que j’ai vu… Hallucinant, tout simplement.



  • Stork. _

Peeping_Stork
6
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le 10 févr. 2020

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Peeping Stork

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