Déjà, le résumé de la fiche Senscritique est fausse ; nous ne le suivons pas durant une journée et nous n'apprenons quasi rien de sa vie en dehors des arènes. Le synopsis d'AlloCiné n'est pas mieux, tout à la gloire du cinéaste, à la façon des amis du torero dans le film. Je pensais, en effet, en allant voir ce documentaire, en savoir plus sur la vie d'un des derniers jeunes toréadors, puisque ce divertissement est amené à disparaître. Qu'est-ce qui l'a poussé à faire ce « métier » dangereux ? A quoi pense t-il en dehors et de ses combats ? Finalement, 2/3 du film sont consacrés à des corridas. Et je ne voulais pas voir ça, après en avoir subi une plus jeune. Néanmoins, je me suis dit pourquoi pas. Quitte à en revoir, une dernière fois dans sa vie, autant qu'elle soit magnifiée par la caméra de Serra. Sauf que voilà, le film ne nous montre pas une mise à mort, mais bien une demi-douzaine de mise à mort. Et c'est là pour moi qu'il me pose moralement problème. Une fois, voire deux, je prends ça comme une information, ça a une importance documentaire. Six fois, sans forcément ajouter de nouveaux éléments aux fois suivantes, ça ne montre plus que la fascination morbide du documentariste, fascination de ces taureaux qui jouent et perdent leur vie, mais aussi fascination sur le jeune homme, filmé en légère contre-plongée à chaque voyage en voiture, filmé dans son intimité en train de s'habiller. Et je ne fais donc de mon côté que subir cette fascination, sur une longueur de 2h, alors qu'une bonne heure m'aurait suffi.
Les scènes les plus intéressantes se déroulent sur les trajets du retours, où ses camarades envoient des compliments masculinistes à notre cher héros, compliments d'un autre temps, dialogues qui montrent dans quel vase clos il a pu évoluer et pourquoi il y croit, encore plus qu'à sa religion dont les références sont récurrentes. Quelques répliques peuvent prêter à sourire, comme « Les taureaux sont lâches » ou les injures constamment proférés à l'adresse des bêtes. Sans oublier les chorégraphies et les mimiques grotesques d'Andrès. Hormis cela, le procédé, répétitif, en achèvera plus d'un. J'ai attendu tout de même, une révélation de ce visionnage en plans serrés, comme par exemple que cette tradition n'est pas si mal, la beauté derrière l'horreur, mais finalement, j'en suis ressorti avec les mêmes à-prioris qu'au début. Puis est arrivé peut-être le pire, la force d'habitude que les images créent en moi ; la banalisation de ce spectacle, voir un taureau mourir ne me faisait plus rien. J'aimerais aussi qu'on m'explique l'usage de la musique dans ce film. En tout cas, deux heures pour prêcher des convaincus (car les amateurs de corridas peuvent aussi y trouver leurs comptes), était-ce réellement nécessaire ?
Je suis également étonné du nombre de bons retours malgré le fait que les personnes les ayant écrites étaient eux aussi, à deux doigts de quitter la salle... Pourquoi cette complaisance ? Bon, j'avais pas forcément envie de poster ces quelques lignes écrites à la va-vite mais peut-être qu'ainsi, je recevrai des réponses pertinentes, plus dignes de SC que de X.