Détestation totale pour 150 minutes d'un hermétisme absolu ! Christopher Nolan perpétue son goût très (trop) prononcé pour les scénarios alambiqués et les imageries sans attraits, accouchant d'un Tenet aussi digeste qu'un pudding avarié. D'un bout à l'autre, de gauche à droite et inversement ce terne palindrome nettement antipathique tient de la plus parfaite incompréhension discursive et théorique, jouant en permanence de ses incessantes esbroufes formelles et d'une stylistique éhontément ampoulée.


Rien, RIEN ne prépare à cette interminable affliction que constitue le dernier Nolan, film littéralement invraisemblable se perdant vainement dans un enchaînement d'informations scientifiques exécuté en deux temps, trois mouvements ; il est - de fait - quasiment impossible de cerner ce qui motive les protagonistes de cette nébuleuse intrigue mêlée d'entropies réversibles et de flèche du temps retroussée. Pétri d'effets de manche attendus et de gimmicks éculés depuis belle lurette Tenet réussit le pari d'être encore plus démonstratif et didactique que l'excellent Inception... sans pour autant s'avérer un tant soit peu lisible et suivable !


Pourquoi faire simple lorsque Nolan détient l'art de compliquer les choses ?... Tenet est un improbable terrain de jeu prétexte à cumuler les axiomes susceptibles d'endiguer le spectateur dans son ignorance, parfaite occasion pour le réalisateur de satisfaire sa domination symbolique au détriment de la masse. Au gré d'une mise en scène fanfaronne et tapageuse Christopher Nolan appuie chacune de ses répliques avec un soin catégorique et définitif, laissant d'emblée bon nombre de cinéphile sur le bas-côté...


On a bien du mal à ne pas sentir un certain déplaisir montant crescendo au regard de cette horlogerie prétentieuse et besogneuse, faisant presque passer Dunkerque pour un paradigme de sex-appeal. Nolan a résolument autant d'humour qu'un manche à balai, prenant notre tête en otage durant plus de deux heures de métrage nous tombant littéralement des yeux... Médusant et suffisant.

stebbins
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le 1 sept. 2020

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stebbins

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