C'est que c'était plutôt bien, The Amateur, finalement !
Et il est intéressant de constater que l'oeuvre s'inscrit comme un parfait double négatif du The Insider de Steven Soderbergh, en s'emparant de tout ce que ce dernier avait laissé de côté pour monter son thriller psychologique dans le milieu de l'espionnage.
C'est ainsi que The Amateur s'envisagera comme un spectacle hybride : la première partie fera en effet penser furieusement à Tony Scott, période Ennemi d'Etat ou Spy Game, tellement le goût de la fin des années 90 est prégnant, avec son illustration de toute la technologie de surveillance et d'intrusion à disposition de son anti-héros geek et rat de bureau.
Car il s'agit ici de mettre en scène une tête sans les jambes, un homme plus qu'ordinaire, soit un portrait aux antipodes de l'idée que l'on se fait de la figure de l'espion de cinéma, incarné de ce point de vue par un Rami Malek inattendu dans l'exercice.
Le voir jouer au chat et à la souris avec ses supérieurs s'avère d'ailleurs un véritable régal, jouant d'être sous-estimé, prenant ainsi quelques longueurs d'avance dans son entreprise de dissimulation et dans sa maîtrise de la modernité de la surveillance omniprésente et intrusive.
A partir de ce moment, The Amateur bifurque et prend la tangente vers un classique film de vengeance, en maniant la plupart des figures imposées, en en retranchant toutefois l'idée de la confrontation directe avec les cibles à abattre. Le tout pour souligner son ingéniosité palliant ses difficultés en termes de physique et de pratique du terrain.
Offrant au passage quelques séquences des plus réjouissantes, même si ce second visage du film s'avère plus traditionnel et, finalement, attendu. Sans ennuyer pour autant, loin de là.
Ce que le masqué déplorera plus surement, c'est que certains seconds rôles ne soient pas du tout exploités, à à l'image de ce monstre de charisme de Jon Bernthal, qui ne fait que passer la tête au bout du compte, alors qu'il aurait pu incarner l'ennemi ultime de l'ami Rami, dans un jeu de miroir retors, ou encore un mentor, dès lors qu'une vague relation de sympathie est décrite à l'écran.
Mais pas de quoi réellement entamer le plaisir éprouvé dans la salle, parfumé d'un appréciable esprit « à l'ancienne ».
Behind_the_Mask, espion lève-toi.