L'intérêt de ce film, c'est que l'on y parle peu. Les villages perchés des Abruzzes, les ruelles pavées toujours en pente, la vie quotidienne d'une Italie populaire, entre bricolages et processions, forment contraste avec la tension permanente exprimée par Georges Clooney d'un bout à l'autre du film: jamais un sourire, de la retenue cérébralisée jusque dans le plaisir du sexe. Comme si l'essentiel n'était pas dans ce décor charmant qui ne demande qu'à sourire.
Les femmes ne sont pas ici un succès pour Clooney: soit il les tue, soit il prépare méticuleusement sa propre mort en en armant une autre. Son personnage meurt juste au moment où il est parvenu à épargner la mort à celle qu'il a décidé d'aimer.
Les obscurités du film restent en partie liées à ce mutisme de Clooney: on ne saura jamais exactement pourquoi des Suédois viennent le traquer au coeur des Abruzzes, ni pourquoi son donneur d'ordres de meurtres tue la femme qui allait précisément tuer Clooney (alors que ce même patron tire sur Clooney deux minutes plus tard), ni quel rapport tout ceci entretient avec les meurtres répétés de prostituées.
Il en reste l'atmosphère pesante, plutôt silencieuse, d'un Clooney bricoleur d'armes perfectionnées, soutenu par la résignation d'avoir à renoncer à sa carrière de tueur. Prenant pour la beauté des images.