Dès le début, le ton est donné, avec cette voix off rauque et désespérée sur fond d’un Gotham plus sombre que jamais. On est clairement dans un film noir. Un film de détective à l’ancienne, mais corrompu par un nihilisme sans limite, propre à notre époque.


Gotham se révèle être très vite un personnage à part entière, indispensable, avec ses zones d’ombre et son ambiance moite, son climat de peur à double tranchant, qui profite autant à Batman qu’aux nombreuses crapules qui l’habitent.


La première fois que Batman sort de l’ombre, dans une station de métro, on sent la lourdeur de chacun de ses pas, d’une brutalité théâtrale renforcée par l’exploitation de chaque recoin d’obscurité que Gotham a à offrir.


Batman résonne avec la ville comme il résonne avec ses protagonistes. Ils ne font qu’un.


La scène d’exposition du Riddler, tapi dans l’ombre tel un voyeur, fait clairement écho à celle de Batman.


Le Riddler prend d’ailleurs un vilain plaisir à tisser des liens entre lui et Batman, qui existent tous les deux à travers un masque qui serait leur seul vrai visage.


Catwoman est révélée à travers une scène voyeuriste également, rapprochant encore plus Batman du Riddler et questionnant les limites morales de ce jeune vengeur en quête de sens.


Très vite, par le biais d’un dispositif, Batman verra littéralement à travers les yeux de Catwoman, qui s’adressera à lui face à un miroir, comme s’ils n’étaient que les deux faces d’une même pièce.


Tous les trois cherchent justice à leur façon, pour assouvir la même soif de vengeance, envers les mêmes corrompus. Batman pour venger ses parents, Catwoman pour venger son amie et Riddler pour venger Gotham en exposant sa corruption à travers un jeu pervers.


La trinité de la vengeance.


Les repères moraux se brouillent plus que jamais. Des nuances de gris prennent en otage cet océan de noirceur dominé par le chaos.


La chute est longue, les valeurs ambiguës des trois personnages dialoguent et s’enlacent, à l’image des nombreux plans flous, intimistes et brumeux.


Puis, jaillit un fumigène rouge sang, une lueur dans la nuit, un éclaireur, un guide, une renaissance.


The Batman.

Roberto_Salvador
8

Créée

le 15 avr. 2022

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