The Big Sick
6.6
The Big Sick

Film DTV (direct-to-video) de Michael Showalter (2017)

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Michael Showalter a récemment débuté par des petites comédies dramatiques qui ne proposaient pas grand-chose d’appétissant. En revanche, on extrait de sa dernière réalisation une pépite scénaristique. Le travail autobiographique des scénaristes Kumail Nanjiani et Emily V. Gordon, désormais mariés, réamorce des aspects sociaux maintes et maintes fois recyclés. Or, la bataille subsiste encore dans ce monde où la notion de diversité peut perdre tout son sens. Une rencontre hasardeuse fait bien les choses, mais le plus important c’est de bâtir des liens solides afin que jamais ils ne puissent les séparer. Cette relation devra alors trouver et exploiter un terrain commun où leurs différences culturelles ne peuvent les atteindre.


Kumail fait du stand-up amateur car il en est passionné. Persuadé que le rire fait sa bonne fortune, il renonce aux traditions familiales qui lui impose une condition de vie qu’il ne tolère pas. Il y a suffisamment de cohérence dans son discours pour soutenir son résonnement. Les traditions sont le symbole d’une prison que l’on préserver pour le bien de la famille, or cela n’aide pas non plus chacun de ses membres de s’épanouir comme il le souhaiterait. Vivre en Amérique pour ailleurs, c’est vouloir améliorer sa condition de vie. Cependant, les parents de Kumail persistent à lui octroyer toutes les valeurs Pakistanaises qui ont forgé leur réussite et leur survie. Il y a tout un équilibre à gérer et si l’on ne s’ouvre pas à l’occident et les coutumes locales, pourquoi s’y être installé si ce n’est que pour trouver un travail confortable. Le bien-être préoccupe donc beaucoup ses parents qui ne jurent que par leur croyance, comme leur obstination à vouloir organiser un mariage arrangé. Opposé à cette idée, lui amputant d’une certaine liberté et flexibilité d’expression, Kumail se fit à son instinct et ce dernier le conduit à rencontrer son âme-sœur.


L’entrée d’Emily (Zoe Kazan) dans sa vie est une chose qui ne pouvait pas plus le réjouir. Chacun à sa manière exprime alors son affection pour l’autre, tel le coup de foudre qui les rapproche intimement, jusqu’à partager des informations qui pèsent sur leur conscience. L’une d’elles exposera un débat ouvert sur la distance qui séparent ces deux individus qui s’aiment malgré tout. Les traditions de Kumail et son respect pour sa famille est une forme de résistance à l’amour qui lui sourit, c’est pourquoi Emily entre de suite en conflit avec son opinion. Pourtant, il le sait, nous le savons. La barrière culturelle qui l’empêche de s’exprimer pleinement à son entourage se cumule dans son esprit. Nous remarquerons que ce n’est pas un détail anodin si Kumail délivre explicitement les vertus de ses traditions à son public. Il évacue ensuite le tout sur scène, devant des inconnus à qui il leur révèle la vérité sur sa condition, tout en usant de l’humour comme forme de défense.


Vient alors la partie charnière du récit, où la jeune Emily est mise en retrait pendant un moment et sa voix est représentée par ses parents. Alors que la mère plaide tout le soutien moral pour sa fille, le père n’assume pas ses responsabilités ou bien feint de les considérer au sérieux. De la même manière que les parents de Kumail, ceux d’Emily la protège de la honte et du regret. La mère a notamment du mal à accepter le jeune Pakistanais, dont la sobriété et l’honnêteté lui fait souvent défaut. Or, ses sentiments expriment avec certitude son amour. Ainsi, on alerte le spectateur qu’il faut écarter les préjugés et les divergences religieuses et d’opinion. L’œuvre a l’intelligence de servir du concret, slalomant alors entre les caricatures, rien de surprenant en réalité étant donné l’expérience basée sur une relation qui est passée par tout ce mélodrame familial.


L’amour est un conflit dont il s’agit de savoir maîtriser afin de générer la tendresse que l’on convoite tous. Bien que l’on aborde partiellement cette trame romantique pour laisser davantage de place au débat interculturel, ce thème est bel et bien présent. La mise en scène n’offre rien d’innovant bien qu’elle nous rapproche de l’intimité de chacun, donc ce qui est à exploiter se trouve dans le discours de chaque protagoniste qui, les uns après les autres, succèdent les exemples de tout ce qu’ils ont bien pu regretter dans leur vie afin de renouveler un amour perdu. Le film prend le temps d’étudier son cas avec un recul très apprécié. La véritable maladie est cet amour qui lie les personnages à leur racine. S’en défaire leur permet d’évoluer mais cela n’est pas sans conséquence. Et malgré les situations dramatiques qui enveloppe chaque interaction, l’humour et les émotions rattrapent toute la pagaille causée afin de conclure une belle aventure avec sincérité.

Cinememories
7
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le 16 févr. 2018

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