Rafraîchissons donc la mémoire des réalisateurs étourdis : ce n'est pas la taille qui compte.
Après m'être farci l'interminable Skyfall (2h30 environ), je tombe sur pire : The Dark Knight Rises, 2h45, sans complexe, gratos dans tes dents, comme ça. Sommes-nous la génération crash-test du film trop long ? ALLONS-NOUS ACCEPTER CA ENCORE LONGTEMPS ? Pour moi en tout cas, c'est terminé. Assez ! Assez des films à rallonge, avec des intrigues multipliées à foison, et fades, agrémentées de twists ridicules portés par des acteurs manchots voire manifestement pas concernés.
D'ailleurs, Marion Cotillard, parlons-en :
Sa façon de ne pas savoir mourir fait le buzz depuis un bail dans le monde entier. Certains diront (ou disent déjà, malheur à eux) qu'il est injuste de s'acharner sur un détail, une séquence de quelques secondes à peine. Ne nous leurrons pas. Ces paupières qui se ferment et cette tête qui se penche de façon quasi imperceptible ne sont que le sommet de l'iceberg. D'abord, moi, ce qui m'a vraiment choquée, c'est que pour incarner "la femme accidentée, blessée à mort, prête à rendre l'âme d'un instant à l'autre après une brève et triomphale agonie", ils ont juste avachi la meuf comme une ado débraillée sur le siège avant. Il ne manquait plus que lui engoncer un beau double menton dans le volant et ajouter des miettes de popcorn à ses lèvres pour créer un spot polémique sur la société de consommation et la cause de 90% des scolioses chez nos bambins. Et après tout, on aurait été dans le thème : la décadence de la western civilisation. Mais je m'égare, ok ? Où était le sang ? Ou étaient les contusions ? OU ETAIT LA MEUF EMPALEE SUR LE LEVIER DE VITESSE (y a des leviers de vitesse sur tous les camions, non ?) OU ENCASTREE DANS LE PARE-BRISE (SIMPLEMENT COMME TOUT LE MONDE) ?! Qui se retrouve dans une telle position après un accident ? Qui glisse mollement sous le volant après un choc ? Cette espèce de tenue indolente, dégingandée, sans panache, sans blessure m'a sidérée. A trop vouloir économiser ses poches de ketchup, Nolan tombe dans un surréalisme absolument pas intéressant de type "licornes-poney-togepi" tout à fait indigeste (et cette scène parle pour tout le film). Et le casting n'est pas là pour arranger les choses... Marion Cotillard ? Moi très franchement, à part le positionnement du corps totalement ridicule d'invraisemblance, sa mort ne m'aurait pas perturbée (sans tout le tapage qu'on connait) tant elle était à la hauteur du reste de sa prestation : ce n'était que le paroxysme de sa médiocrité sur le peu de plans où elle apparaissait, fadasse, douceâtre, potiche même en businesswoman. Je crois que le blockbuster américain ne lui réussit pas et qu'elle n'a rien à lui donner en retour. (Essayons 2 secondes de l'imaginer en Catwoman... [Parenthèse LOL:OFF]) Sincèrement, j'avais honte pour elle chaque fois qu'elle ouvrait la bouche dans le film. C'était si peu intense, si chiant, si humiliant au final.
En fait, elle était inutile. Comme 50% des personnages, dialogues, plans etc. Je ne peux m'empêcher de me refaire le film en pratiquant une ablation (imaginaire) systématique des scènes qui n'apportent rien (en m'écoutant, je dois avouer que je supprimerais tout le film, mais ce serait moche et pas très poli.) J'ai donc une requête solennelle à faire aux producteurs, scénaristes, et autres industrieux du cinéma :
Messieurs,
Un film d'action américain étant ce qu'il est, à savoir un (très-très-)long-métrage bien gras et bien relou (et de temps à temps ça fait du bien), le but du jeu n'est pas de nous gratifier d'un mille-feuilles compliqué de longueurs imbuvables. Il n'est donc pas nécessaire de rajouter des développements inintéressants et chaotiques pour créer une myriades de récits dans le récit, menés tant mal que mal de front vers une convergence artificielle très laide. Je répète : PAS NECESSAIRE. Pas nécessaire non plus de jouer faussement la carte de la nuance en densifiant la narration (et en obscurcissant l'entendement) autour des mêmes héros/méchants bourrins de naguère : c'est toujours des bourrins, on n'est pas dupes. Refourguez-vous plutôt vos stéréotypes de toujours, eux au moins, ils nous font rire.
Je vous laisse libres bien sûr de continuer sur la voie des films de 5h et demi, des strapontins qui font mal aux fesses et de la déshydratation du spectateur (et de son désintérêt, en sus). Après tout, vous êtes des artistes, faut pas vous brider. Mais si vous avez un tant soit peu de bon sens et de pitié pour vos semblables, vous savez, au fond de vos coeurs en pétrodollars, que le monde a besoin d'épopée d'1h30 et pas plus. Voici donc mon ultime supplique :
Faites ce que vous voulez, mais s'il-vous-plaît, faites-le en 1h45. Grand max.