Le film s’appuie sur une intrigue qui mêle horreur (zombies) à un drame familial.
Le synopsis :
Dans un village près de Yogyakarta, une famille exploitant une entreprise traditionnelle de jamu (remèdes à base de plantes) expérimente une nouvelle formule pour la « jeunesse éternelle ». Le père, tente l’élixir, semble rajeunir – mais déclenche une infection zombie qui se propage.
Points forts
- Le concept de départ est original dans le contexte indonésien : mêler jamu traditionnelle + ambition de rajeunissement + apocalypse zombie. Cela lui donne un angle local tout en parlant d’un genre universel (zombies).
- Le conflit familial est bien intégré à la catastrophe : la survie collective force les personnages à se confronter à leurs tensions internes. Donc, ce n’est pas seulement « zombies qui arrivent », mais « ce que la famille doit affronter ».
- Le rythme initial est prometteur.
Points faibles
- Le scénario montre plusieurs facilités ou incohérences. Par exemple, certains choix des personnages ou des autorités paraissent peu crédibles pour un tel événement.
- L’évolution vers la seconde moitié semble perdre un peu de la tension initiale ou se reposer davantage sur les clichés des films de zombies (invasion massive, fuite, affrontement) sans suffisamment renouveler l’approche.
- Le film joue beaucoup la carte du « tout ou rien » dans la survie, et certains arcs secondaires ne sont pas approfondis.
- Le mariage entre la meilleure amie et du père est perçu comme un choix scénaristique amorale. Cela peut créer une dissonance émotionnelle : il est difficile de s’identifier aux personnages ou de prendre au sérieux certains conflits familiaux lorsque ce type de relation controversée est introduit sans développement psychologique suffisant.
- Cette décision narrative a pour effet de diminuer légèrement l’impact dramatique des tensions familiales principales, car elle détourne l’attention du conflit central (la survie face à l’épidémie et la dynamique père-fille).
Conclusion narratif
Le scénario remplit son rôle : il propose un mélange intéressant de genre horreur + drame local, avec un départ fort. Mais, il aurait pu aller plus loin dans la profondeur des personnages ou dans l’innovation scénaristique. Pour un film de zombies indonésien, il se distingue, mais ne révolutionne pas totalement le genre.
Sur le plan visuel, le film brille à plusieurs égards.
Points forts
- Le design des zombies est très travaillé : le maquillage, l’effet visuel, le mouvement : les make‑up artists se sont inspirés de la plante carnivore indonésienne « kantong semar » pour la texture des veines et blessures.
- Le tournage en décor naturel près de Yogyakarta apporte une ambiance authentique de « village isolé », ce qui renforce la tension. Le décor devient un personnage à part entière.
- Les scènes d’action/horreur (effets spéciaux, cascades, sauvetages, hordes de zombies) sont bien orchestrées, avec prise de vue dynamique, et le travail des équipes est visible (200 zombies figurants, divers niveaux de maquillage).
Points faibles
- Même si le visuel est bon, le budget apparait parfois limité pour un film à ambition mondiale : certains effets numériques ou certains plans d’ensemble manquent de finesse comparée aux productions hollywoodiennes.
- L’éclairage et la mise en scène, dans certaines scènes de nuit ou d’intérieur, sont parfois peu lisibles, ce qui peut atténuer l’intensité de l’horreur.
- Quelques transitions entre scènes « dramatiques » et scènes « zombie/action » manquent de fluidité visuelle – on sent un léger déséquilibre entre deux registres.
Conclusion esthétique
Le film est visuellement très convaincant pour le contexte indonésien. Il réussit à créer une ambiance forte et à provoquer des moments de frayeur. Avec plus de budget ou de perfectionnement technique, il aurait pu atteindre un niveau encore supérieur, mais ce qu’il accomplit est déjà très respectable.
Le film ne se limite pas à un simple spectacle de zombies : il explore plusieurs thèmes intéressants.
Thèmes explorés
- Ambition et vanité : Le désir du père de rester jeune, de conserver le pouvoir familial, de préserver l’entreprise familiale se transforme en catastrophe. C’est un commentaire sur le prix de la quête d’immortalité ou de jeunesse éternelle.
- Famille et héritage : Le conflit générationnel, le poids des traditions (jamu, héritage ancestral), et la nécessité parfois de s’unir face à un danger commun. Le film parle de la dynamique familiale, de la rupture, de la réconciliation sous pression.
- Culture locale et modernité : Le décor du village, l’usage de remèdes traditionnels, l’intrusion de l’innovation (ramuan) qui bouleverse l’équilibre. Le film juxtapose la tradition et la modernité, avec un avertissement implicite sur ce qui arrive quand on joue avec ce qu’on ne maîtrise pas.
- Survie et humanité : En pleine crise zombie, ce qui importe ce n’est pas seulement de fuir, mais de préserver l’humanité (relation, empathie) malgré l’horreur. Certains personnages sont mis à l’épreuve moralement.
Réussites thématiques
- Le mélange «horreur + réflexion» est bien tenu : on ne reste pas qu’au gore.
- Le fait que le film parle de l’Indonésie, de sa culture, de son folklore (remède, village, famille) donne une couleur unique.
- Le succès international du film montre que le contexte local peut toucher un public global : il n’est pas nécessaire de «cacher» la culture pour plaire. IDN Times+1
Limites thématiques
- Certains thèmes sont effleurés mais sans toujours profondeur : par exemple, l’héritage familial aurait pu être davantage exploré (le passé de la jamu, la culpabilité, etc.).
- Le film reste centré sur l’action et l’horreur, donc le message moral ou symbolique n’est pas toujours complètement développé.
- Le personnage de l’entreprise familiale ou de la tradition pourrait bénéficier d’un angle plus nuancé – ici, la tradition est d’abord menacée par la modernité, mais la modernité est elle même vue comme dangereuse, sans ambivalence forte.
Conclusion thématique
Le film fonctionne comme un divertissement intelligent, mêlant horreur et réflexions sur l’ambition, la famille et la tradition. Ce n’est pas un chef d’œuvre philosophique, mais il propose suffisamment de matière pour dépasser le simple film de zombies.
Le casting réunit des noms connus du cinéma indonésien : Eva Celia (Karina), Mikha Tambayong, Donny Damara (Sadimin), etc.
- Donny Damara dans le rôle du père déchu/obsédé rend bien la tension entre pouvoir et chute.
- Eva Celia pour son engagement physique et son jeu crédible.
- Le travail des figurants zombies, des cascadeurs, et la coordination montrent une vraie volonté de qualité, ce qui rehausse les performances globales.
Points faibles
- Certains rôles secondaires manquent de développement, ce qui fait que l’on ne s’attache pas toujours pleinement à tous les personnages.
- Dans des scènes d’émotion intense, quelques instants manquent de subtilité (dialogues un peu attendus, réactions parfois caricaturales).
- La densité de l’action empêche parfois l’acteur principal de vraiment exploiter toute la palette émotionnelle – on passe vite à la survie.
Conclusion acteurs
Le film est bien servi par son casting et par l’engagement visible des acteurs et de l’équipe. Ce n’est pas un film acteurs dans le sens « gros show de performance », mais il remplit avec efficacité son rôle dans un contexte de film de genre.
Points très positifs
- Un film de zombies indonésien qui ose : ancré dans la culture locale tout en visant un public global (succès international : top 10 dans 75 pays, plus de 11 millions de vues après seulement quelques jours).
- Une esthétique soignée, des effets visuels convaincants, une ambiance immersive.
- Une intrigue qui combine horreur, drame familial et questionnements sur la tradition et l’obsession de jeunesse.
- Une réalisation solide, qui confirme sa maîtrise dans le genre horreur/horreur thriller.
Points à garder en tête
- Le film ne révolutionne pas le genre zombie : certains clichés persistent.
- Pour les spectateurs exigeants en matière de cohérence scénaristique ou de psychologie des personnages, certaines faiblesses peuvent freiner l’immersion.
- Si l’on recherche uniquement une « explosion gore » ou un film d’horreur ultra original, on pourrait rester sur sa faim. Mais ce n’était pas non plus l’intention première.
- Certains éléments narratifs, comme le mariage de la meilleure amie avec le père, peuvent dérouter le spectateur et nuire à la crédibilité de l’intrigue et à la moralité.
Pour qui ?
- Aux amateurs d’horreur/genre zombie, curieux de cinéma indonésien, fans de thrillers mêlant action + drame familial.
- Peut être moins aux spectateurs en quête d’une nouvelle révolution narrative, ou qui sont très critiques sur la cohérence des scénarios.
Note personnelle
Il fonctionne très bien dans son registre, dépasse les attentes pour un film de zombies indonésien grand public, mais il reste perfectible dans quelques aspects.