J'ai abordé The Father en sachant que j'allais me confronter à un sujet difficile : la démence et la détresse de l'aidant. Le film de Florian Zeller est une adaptation de sa propre pièce, et on ressent clairement la maîtrise du huis clos et du dialogue, mais aussi une certaine théâtralité dans la mise en scène.

L'Expérience de la Confusion

  • ​Ce qui m'a le plus marqué et qui fait la force du film, c'est sa capacité à nous placer directement dans la tête d'Anthony (incarné par l'immense Anthony Hopkins). On ne se contente pas d'observer sa maladie, on la vit. Les changements d'acteurs pour représenter la fille (Anne) et son gendre, les glissements d'espace et de temps, la répétition des scènes avec des variations subtiles : tout cela crée un sentiment de confusion et de paranoïa incroyablement efficace. J'ai été pris au piège de ce labyrinthe mental, essayant désespérément de distinguer le réel de l'imaginaire, comme Anthony lui-même. C'est un tour de force scénaristique et de réalisation pour transmettre l'horreur de la perte de repères.

La Douleur de l'Humain

  • ​Les performances sont tout simplement bouleversantes. Anthony Hopkins est à son zénith, son Oscar est plus que mérité. Son interprétation est d'une justesse terrifiante, oscillant entre l'homme charismatique et le petit garçon perdu qui appelle sa maman. Olivia Colman (Anne) est aussi d'une vérité déchirante dans le rôle de la fille dévouée et épuisée. J'ai ressenti profondément leur souffrance mutuelle, le désespoir de voir l'être aimé s'éteindre sous ses yeux. Le film est une claque émotionnelle, c'est indéniable.

Pourquoi 7/10 et pas plus ?

  • ​Malgré ces qualités exceptionnelles, je n'arrive pas à lui accorder la note maximale, d'où mon 7/10. Le procédé narratif, bien qu'ingénieux, est à la longue un peu répétitif et frôle parfois l'exercice de style. Après un certain temps, j'ai eu l'impression que le film se complaisait dans la confusion sans apporter une nouvelle couche d'émotion ou de compréhension. Le côté "piège" du récit, cette manipulation constante de la réalité, est brillant au début, mais m'a un peu lassé sur la durée, rendant l'expérience plus éprouvante qu'enrichissante vers la fin.

En conclusion, The Father est un film puissant et nécessaire, porté par des acteurs magistraux. C'est une œuvre qui

vous marque durablement et vous fait ressentir de l'intérieur ce que signifie la démence. Je le recommande vivement, à condition d'être prêt pour cette immersion déstabilisante.

DirtyVal

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