Si la bande-annonce m'avait laissé quelque peu perplexe, la découverte du film a vite balayé ce souvenir mitigé. C'est tout simplement un film extraordinaire et dont le prix berlinois de la meilleure réalisation me semble tout à fait justifié (et non pas le seul fait d'une sorte de soutien de la profession au cinéaste voué à l'opprobre des médias et de la justice). Une réalisation donc toute en subtilité, accompagnée d'une photo naturaliste qui peut parfois rappeler le travail du photographe belge Harry Gruyaert (notamment avec sa série "Rivages").

Derrière le calme apaisant de ces images se cache une intrigue de thriller politique finalement plutôt simple dans ses rebondissements (ainsi que dans sa conclusion), mais qui est traitée avec un tel soucis du détail que l'on se prend au jeu, captivé d'une part par le récit lui-même, mais aussi par les choix étonnants de Polanski dans sa manière de faire évoluer son personnage et son histoire. Je pense notamment au fait que le ghost (excellent McGregor) passe son temps à raconter tout ce qu'il sait à tout le monde. Chose tout à fait inattendue lorsque l'on sait qu'il risque constamment sa vie dans ses découvertes. Et le réalisateur de sauter d'une situation à l'autre, pour mieux brusquer le spectateur dans le confort que procure cette mise en scène épurée et faussement paisible.

Finalement, comme souvent chez Polanski, tout se joue dans le jeu des apparences et cela jusqu'à la musique qui peut parfois faire illusion dans sa manière presque légère d'illustrer le drame qui se joue. Et on retiendra, comme beaucoup l'ont déjà dit, ce final magistral et ce dernier plan, pure décharge d'humour noir et de fatalisme mordant.
Colqhoun
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le 6 août 2010

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