Vu la carrière du frenchie, c'est peu dire que l'on attendait qu'il se confronte à la 3D. Cette fois c'est fait, et c'est son travail sur la 3D qui est avant tout mis en avant. Beaucoup considèrent que la 3D dans Green Hornet ne sert pas à grand chose. C'est tout la logique commerciale de la 3D d'ailleurs, les studios misent sur la nouveauté et sortent tout et n'importe quoi en 3D. Ils sont pourtant rares les films pensés spécifiquement pour la 3D, Avatar (dont c'est le seul intérêt, avec l'IMAX, mais qui a vu Avatar en Imax? Pas grand monde), Coraline (le meilleur film en 3D depuis des lustres) Up de Pixar et The Green Hornet. Et il me semble que Gondry s'en sort pas trop mal.
Évidemment Green Hornet souffre d'un gros soucis, filmé pour la 3D, personne semble t'il ne s'est pourtant préoccupé du gros, gros défaut du système 3D. Impossible de rentrer immédiatement dans un film 3D, il faut que le regard s'habitue aux lunettes et à la 3D, si bien que The Green Hornet à les mêmes problèmes que les autres films en 3D, un début de film brouillon, impossible à suivre. l'horreur. Pixar avait eu une excellente idée qu'aurait pu avoir Gondry, commencer un film 3D avec de la fausse 2D (Up). Ce n'est pas le cas. C'est bien dommage.
Pour le reste, Gondry ne révolutionne pas les fictions 3D, mais il faut être sacrément de mauvaise fois pour ne pas voir son désir d'ouvrir des nouveaux territoires à la 3D.
Une séquence magistrale: Le bad guy fou de rage de se faire ridiculiser par un "super-héros-bad-guy-avec-un-costume-ridicule-qui-se-fait-surnommer-Le-Frelon-Vert" décide d'envoyer ses sbires massacrer tout ce qui ressemble de près ou de loin au Frelon Vert. Gondry propose à ce moment là un système de mise en scène qu'il avait mis en place pour un clip de Cibbo Matto. L'écran se divise (en 2 dans le clip) et la caméra suit en plan séquence les personnages allant dans différentes direction, se croisant certaine fois. Dans le clip les deux minettes de Cibbo Matto vivent dans le même lieu, mais pas en même temps, lorsque l'une dort, l'autre est au boulot, lorsque la seconde quitte son boulot, la premiere se réveille etc, etc, jusqu'a que l'une remplace l'autre et vise versa. Tout ceci en split screen.
Un système assez proche de la marque de Brian DePalma, mais que Gondry complexifie de façon étourdissante, en divisant l'écran en 3, puis en quatre, puis en six, puis en 8, ceci pour suivre 8 personnages en même temps. Les plans séquences à la steady cam sont impressionnants, mais l'utilisation de la 3D également. Sur certaines cases, la 3D nous fait plonger dans le film avec l'augmentation de la profondeur de champ, dans d'autre, la case s'avance pour "sortir" de l'écran. Cette scène est un tour de force incroyable, et elle le serait moins en 2D.
Il est évident que tout le film ne supporte pas la 3D et que Gondry ne transforme pas son film tout du long en tour de force 3D, on peut tout de même admettre que les scènes de combats sont un autre grand moment de la 3D, la première encore très Gondry Touch, montre Kato se projeter vers l'avant en sautant sur une voiture, la rapidité de ses mouvements est exprimée par un effet que l'on trouve en bande dessinées, s'est le décor, là une voiture, qui se démultiplie. En réalité une multiplication d'un collage, effet que Gondry avait utilisé dans un clip des Whites Stripes.
Là encore la 3D n'est pas utilisé comme on l'entendrait volontier, en projetant Kato hors de l'écran, non, la voiture et ses collages s'enfonce à l'intérieur du plan quand Kato plonge vers ses ennemis. Effet saisissant, une réactualisation via la 3D du traveling compensé qu'avait créé Alfred Hitchcock dans Vertigo (les références a Hitchcock, au cinéma peuvent être comptés par centaines dans The Green Hornet). Les autres scènes de combat proposent moins d'expérimentations de la 3D, mais l'utilisent de façon brillante. Concernant la gestion des corps dans l'espace, je n'ai pas vu de film réussissant de telles scènes. Créateur de l'effet bullet-time pour une pub de Vodka et popularisé dans Matrix, Gondry montre qu'il est encore capable d'expérimenter et d'utiliser des techniques déjà usité, mais avec plus de brio.
La 3D, pour The Green Hornet, utilisé de la sorte (avec brio) est également un geste artistique, après une décennie de films de super héros a grand spectacle, The Green Hornet prend le relais de The Hulk d'Ang Lee en réalisant le fantasme de tout réalisateur qui se frotte à une adaptation de bande dessinée, c'est à dire de faire sortir le personnage de l'écran, comme le firent progressivement les super-héros dans les comics américains. The Green Hornet se hisse donc sur le podium des films ou la 3D n'a pas qu'un aspect commercial. Ce n'est pas le film qui convaincra la terre entière que la 3D est une invention incroyable, mais en tout cas, un des premiers a réfléchir sur l'utilisation de la 3D a des fins artistiques et narratives.
Soyons honnête, la 3D n'est pas le premier intérêt de The Green Hornet. Le principal intérêt c'est de voir ce que Michel Gondry, réalisateur de films estampillés de brique à brac, se frotte au blockbuster et donc aux contraintes des financiers qui ne sont pas connus pour le goût de l'expérimentation et des coquetteries de géo trouvetout vu dans ses précédents films. Et là il faut bien le dire, Gondry démontre que si il aime les personnages hurluberlus et autistes, s'en est pas un. Il remplit son contrat de technicien réalisateur à la solde du studio et offre aux amateurs d'art filmique la preuve que ses obsessions résistent bien a Hollywood.
Il y a en effet pas grande différence entre les personnages et l'amitié Brit/Kato et l'amitié des personnages interprété par Jack Black/Mos Deff dans Be Kind Rewind. Quant aux pulsions de Gondry qui le poussent a raconté des histoires de bricoleurs, The Green Hornet est sans doute le film le plus parlant. D'ailleurs c'est à se demander si The Green Hornet n'est pas l'accomplissement de l'art de Gondry, en filigrane en effet on peut voir dans le récit l'histoire d'un bidouilleur venu de nul part caché dans la garage qui grace à l'argent et a l'amitié réalisera ses fantasmes. Un peu ce qu'est Gondry dont les bidouilles ont tellement impressionné Hollywood que Seth Rogen lui a offert l'argent et l'amitié pour qu'il puisse laisser libre court à ses fantasmes.
Seth Rogen, il ne faut pas l'oublier. Scénariste, acteur et producteur de The Green Hornet, on le sent heureux d'être devant la caméra de Gondry et il arrive a trouver le ton juste pour s'imposer en tant qu'acteur/scénariste et garder une certaine modestie face au réalisateur. C'est aussi pour Seth Rogen, le film de la maturité, celui qui va lui donner le statut de Star. Judd Apatow lorsqu'il a découvert Rogen avec sa série culte Freaks & Geeks (en même temps que James Franco, Jason Siegel et Martin Starr) pensait qu'il allait devenir une star, mais qu'il faudrait pour ça qu'il écrive un role a sa mesure. Les comédies de Judd Apatow on renouvelées la comédie américaine en prenant partie des geeks et des freaks, des tribus adolescentes qui jusqu'a maintenant étaient des faires valoir, jamais les héros. Vulgaires, autistes, droles et provocants les personnages de ces comédies dont Seth Rogen est aujourd'hui le plus en vue sont dans ces comédies des êtres humains a part entière dont les défauts cachent de grandes qualités humaines qui très souvent leur permettent de séduire de très jolies femmes.
Les héros à la Tom Cruise ne séduisent plus, les masochistes à la Bruce Willis non plus et encore moins les héros de la gonflette genre Schwartzenneger. Au XXIe siècle, le héros sexy est maladroit, à un bide a bière, sauve le monde sans faire exprès et dont les blagues vaseuses cachent mal son incapacité a parler aux femmes.
The Green Hornet réussi donc sur tous les tableaux, sans être un chef d'oeuvre, c'est un morceau de choix dans la filmographie de Michel Gondry & Seth Rogen
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