On pardonnera aisément le manichéisme de The intruder car en 1962, le sujet était brûlant. Certaines lois ségrégationnistes étaient toujours en vigueur, et d'ailleurs Roger Corman essuiera des menaces de mort.
The intruder se passe quand les premiers étudiants noirs sont autorisés à aller à l'université. Ce qui va de soi, dans la paisible ville de Caxton, deep south, c'est que cette loi est une bataille perdue, et qu'elle est non seulement mauvaise, mais dangereuse. Il ne faudrait pas grand chose pour échauffer les esprits. Or justement, voilà qu'arrive de Washington un jeune homme ambitieux dont le but avoué est de mettre le feu aux poudres.
Manichéisme donc, car dans The intruder, les racistes sont idiots et/ou lâches, forcément, tandis que leurs opposants sont nécessairement dignes, courageux et intelligents. La fin est peut-être un peu simpliste aussi. Reste que Corman réussit brillamment à construire son sujet comme un thriller, que les acteurs sont très bien (Corman est connu pour ça, aussi), qu'on ne voit pas vraiment le bricolage dû au peu de budget, et la musique, qui ressemble par moments furieusement à du Miklos Rozsa par moments, ce qui est un beau compliment.
Soyons clairs, The intruder est un excellent film, et même un grand film si on le replace dans son contexte.