La fée bleue. C'est pas elle qui est ringarde, c'est le monde qui s'est vulgarisé et corrompu:

..« C’est le portrait d'une femme fantôme, d'un autre cinéma, d'une autre époque. Elle est dans cette revue pathétique (sic) qu’elle joue devant des salles vides. Ce décalage entre sa vision des choses et le monde dans lequel elle est, crée une émotion qui m'est restée ». (Florence Colombani)

C'est le portrait d'une passionnée sincère et saine.

Je repense souvent à ce film et ses dialogues quasi philosophiques.

A force de leur parler, cette fée bleue fait changer d'avis ses jeunes collègues de travail.

C'est pas elle qui est ringarde et has-been, c'est le monde qui s'est dégueulassé et a empiré à force de mettre la barre du nu de plus en plus haute.

Avant, juste voir des chevilles, satisfaisait tout le monde: l'excité comme celle qui les montrait.

Puis les spectacles de plumes et paillettes de femmes aux seins nus étaient suffisants et le summum de la beauté ou l'exhibitionnisme.

Mais de la même manière que la boxe s'est faite dépassée par le MMA car soi-disant pas assez violente,

les spectacles de belles plumes et seins, sont désormais vus comme nuls, pas-assez et laissent place aux sites pornos endémiques et pédophiles-friendly ("teen" étant le mot clé favori de ces fournisseurs même quand mot pas sollicité du tout). nb: il faut enfermer les manageurs de ces sites!

C'est ce que cette fée bleu essaye de faire comprendre à ses collègues: elle leur rappelle qu'elle et ses collègues du passé, étaient le must du must et faisaient même "des tournées" affichant complet, qui satisfaisaient alors tout le monde.

Elles avaient alors pas besoin de montrer leur punani rasé.

Elle essaye de nous faire comprendre que sa passion pour les chef d'oeuvres des artistes plumassiers est pas plus ringarde que d'avoir désormais à exposer son sillon inter-fessier (très bonne scène d'audition avec le moustachu Jason Schwartzman).


Je l'avais vu et aimé en avant-première avec une interview ensuite de Pamela Anderson dans un beau cinéma Picturehouse, sans doute bientôt ringard aussi...

Mais ce qui me reste surtout et qui me reviennent souvent, ce sont les conversations qu'elle a avec ses jeunes collègues de travail.

Comme beaucoup de critiques que je lis, ses jeunes collègues la trouvent vieille, has-been, ringarde, hyper naïve et déconnectée...elles ont quasi de la pitié pour elle...mais tout le film pour moi a marché comme un dialogue socratique...si si , je ne suis pas ironique ou moqueur.

Elle a laissé ses collègues dire leur mépris, pitié ou condescendance envers son passé,

puis par petites touches, lentement mais surement, comme Platon...elle les fait s'interroger et voir leur monde d'un autre oeil.

Elle leur fait même regretter un temps qu'elles n'ont pas connu, au point que j'ai ressenti que ses collègues finissent par lui en vouloir d'avoir été aussi heureuse...au point, qu'elles ne l'aident plus à s'habiller pour le spectacle.


Florence Colombani le résumait comme le "portrait d'une star déchue"...mais pour moi, c'est le monde qui est déchu...l'oeuvre rappelle que c'est le monde autour d'elle qui a changé et qui est en déchéance perverse. Sa passion et honnêteté à elles sont intactes,

c'est le regard blasé des autres qui changent...corrompu par le toujours + et pervers.

Je ne trouve pas que cette sorte de fée soit naïve, optimiste ou stupide,

c'est pas sa faute si les jeunes entrantes ne bénéficient pas du même contrat moral et doivent désormais plus montrer de leur jeune corps pour satisfaire le cochon.

Qui est la ringarde? Celle qui était en chapeau à plumes, seins nus et bouchons de champagne explosant autour d'elle ou celle désormais embauchée dans des bukkake?

Pornhub sert 100 millions de vidéos par jour dans un porno de plus en plus violent avec de plus en plus jeunes de moins en moins payés (« Dans le porno français, une mécanique des larmes et de la violence » (Le Monde du 16 décembre 2021) )

Alors je tique un peu quand Muriel Joudet écrit au sujet de ma Pamela, que "Las Vegas, c'est glauque" . Vraiment?

Qui est vraiment dans une "revue pathétique"? Je crois que c'est plutôt nous que Shelly/Pamela.


ps: le film vaut aussi le détour par le personnage et totale abnégation de Jamie Lee Curtis (la scène au vestiaire en collant est mémorable, et sa passion en dansant, est une scène culte).

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le 9 août 2025

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