Si mon amie Fany ne m'avait pas proposé d'aller voir ce film je n'en aurais sûrement pas entendu parler et pourtant on ne peut pas dire que les acteurs à l'affiche ne soient pas connus (coucou Jeff Goldblum)!


Ce film, librement inspiré de la vie du neurologue américain Walter Freeman connu pour ses lobotomies controversées, est une véritable expérience cinématographique comme il est rare d'en vivre au cinéma de nos jours. En effet, la vision de The Mountain est un moment plutôt inoubliable tant ce qui nous est montré est intrigant et perturbant à la fois.


Comme l'indique le sous-titre du film "une odyssée américaine", The Mountain est construit comme un récit utopique qui suit deux hommes au cours d'un road trip à travers les Etats-Unis des années 50 en passant par divers hôpitaux.


Tout comme eux, nous faisons la connaissance de plusieurs personnages secondaires. La croisée de toutes ces personnes n'est évidemment pas un hasard et si, pendant la majeure partie du film on ne comprend pas vraiment ce qu'il se passe, on finit par trouver quelques réponses.


Rick Alverson s'intéresse justement à la réception de ses films par le public et considère la lobotomie comme une métaphore de la passivité observée chez la plupart des spectateurs. Très vite on se rend compte qu'il ne faut pas s'attendre à ce qu'on nous aide à démêler les noeuds de l'histoire et qu'il faudra être patients afin de ne pas décrocher. "Je veux que le public prenne conscience de l’artificialité du film pour qu’il s’interroge sur la forme. La croyance dans le récit est alors interrompue et le spectateur est poussé à devenir critique. À part à la fin de mon film, on ne voit jamais les personnages sortir du cadre. Les personnages étant des avatars de nous-mêmes, nous ne pouvons pas non plus en sortir et nous libérer. Nous sommes des sujets à l’intérieur du film. Par rapport aux costumes beiges, j’aime les voir comme des éléments qui obstruent le cadre. L’espace où évoluent mes personnages est un monde monotone, neutre et sans couleurs.


On sort donc de la salle avec cette impression de vide et à la fois de plein haha. Personnellement, c'est comme si toute mon énergie avait été aspirée et que mon cerveau avait été rempli puis nettoyé.


Ce que j'ai apprécié dans The Mountain, c'est l'ambiance générale en particulier. Les teintes ternes, les cadres et les mouvements de caméra précis, l'utilisation presque systématique des plans larges, la musique, les décors, les costumes etc...


Je tire mon chapeau notamment à Jeff Goldblum dans ce rôle inhabituel et Tye Sheridan, quasi mutique et pourtant bel et bien présent.


D'autre part, j'aime qu'un film provoque en moi des sensations que je n'arrive pas forcément à expliquer et ce fut le cas avec celui-là.


Toutes mes critiques sont à retrouver sur mon blog :
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SybilleGuerriero
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Créée

le 8 mars 2020

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