Darren Aronofsky fait parti de ces réalisateurs qui ne craignent pas grand-chose dans l’univers ultra médiatisé du cinéma. À la fois percutant, glauque, malaisant et déraisonnable, son univers a su faire sa renommée et il est encore aujourd’hui très intéressant de suivre l’évolution de son ambition, les projets les plus intimistes étant encore et toujours au cœur de son imagination. Avec « The Whale », il s’approprie la pièce de théâtre écrite par Samuel D. Hunter en ayant cependant l’intelligence de laisser à l’auteur originel le soin de scénariser le film. Ainsi, la genèse de l’histoire est respectée et Aronofsky peut se focaliser sur ce qu’il fait de mieux : jouer avec la caméra et rendre le disparate en accord avec ses ambitions. Car, il faut se l’avouer, « The Whale » est un projet risqué puisqu’en plus de n’être qu’un huis-clos somme toute basique, il donne aussi à voir et à entendre des sons/images frôlant parfois le dégoût. Des facteurs qui ont été mesurées par le réalisateur puisqu’il a attendu près de 10 ans avant de trouver son interprète de Charlie en la (merveilleuse) personne qu’est Brandon Fraser. Ces années d’attente ont été un salut puisque « The Whale » n’aurait pas eu la même résonnance sans la participation de cet acteur qui est d’ailleurs en plein exercice de style. Rien que ça !
Absent du paysage cinématographique pendant bien trop longtemps, des pépins physiques et une dépression l’ayant conduit dans des idées très sombres, Brendon Fraser est l’exemple type de ce qu’on peut appeler une âme blessée Hollywoodienne l’ayant éloigné longtemps des plateaux de tournage. Présent vocalement et/ou physiquement dans « Trust » et « Doom Patrol » vers la fin des années 2010, l’acteur signe un retour plus que triomphale en incarnant avec une justesse incroyable Charlie, un homme obèse en proie à ses démons. Si le personnage n’a pas vraiment la volonté de s’en sortir, il souhaite cependant se rapprocher de sa fille pour trouver l’absolution et la paix intérieure. Le chemin, aussi difficile et compliqué soit-il, lui demandera de la patience et une force mentale impressionnante… mais vous l’aurez compris, impossible n’est pas ! Impossible n’est plus !
Avec l’envie de prendre son rôle très au sérieux, Brendon Fraser donne énormément de profondeur à son personnage et aux différentes interactions avec les seconds rôles. À travers des scènes difficiles mais nécessaires (les enjeux de pardon étant au cœur de la narration principale), le spectateur se prend d’émoi pour un homme aux multiples facettes. Le huis-clos est oppressant mais il nous permet aussi de nous mettre dans les chaussures du protagoniste aux possibilités limitées. Toutefois, l’espoir reste de mise lorsqu’on y croit un minimum.
Beaucoup d’enjeux sont abordés dans « The Whale ». Des enjeux d’actualité (l’exclusion, l’isolement social, l’obésité, la tromperie, et d’autres) qui font du long-métrage un film difficile mais nécessaire. Un excellent tour de force pour une réussite plus que méritée !