Sont-ils encore des jouets ?

Faire une suite après le troisième opus qui se terminait d'une jolie façon avec l'idée de transmission, se révèle très compliqué car la fin ajoute une difficulté qu'ils n'avaient pas forcément prévue ; Andy passe le relais à Bonnie qui est très jeune autour de trois ans, dans le premier film Andy d'après plusieurs indices avait environ 7 ans, par conséquent, ce quatrième film est le plus enfantin de la saga et le plus édulcoré.
L'édulcoration passe tout d'abord par aucun aspect véritablement « horrifique », dans le premier nous avions les jouets chimériques du voisin psychopathes, dans le deuxième le vieux pouvait avoir un aspect inquiétant pour les enfants et dans le troisième il y a plusieurs scènes marquantes et sombres. L'exemple le plus marquant que l'on peut voir dans la bande-annonce (mini-spoiler) c'est le corps coupé en deux d'une peluche à cause du chat, on peut voir que c'est net et propre, aucun morceau n'est éparpillé et c'est sous la lumière, plus tard nous verrons que la partie supérieure est toujours vivantes et parle en faisant de l'humour, le chat ne présente pas un véritable danger.
Le plus effrayant pour un enfant serait probablement les sbires du méchant, mais pour tous ceux qui connaissent Chair de poule la série ; l'épisode 33 de la saison 3 de la quatrième dimension ou Magic avec Anthony Hopkins concernant les films, il y a un sentiment de facilité et de déjà-vu, ces jouets ont toujours provoqué de la terreur et pourtant là encore c'est fortement édulcoré. Et concernant le méchant en lui-même il n'est pas si effrayant que cela.

Autre gros problème pour avoir une suite cohérente, celle de la bergère, dès les toutes premières minutes du film elle est présentée comme une femme forte en contradiction avec les deux premiers opus et avant son vécu qui expliquerait ce revirement de personnalité. D'ailleurs nous avons une femme forte version Disney, c'est-à-dire qu'elle sait faire des choses seules et se débrouiller mais elle pense très fortement à l'amour et vivre seule et bien c'est trop triste.
Nous sommes face à une grosse incohérence avec ce personnage, la bergère est en réalité une lampe et non un jouet, ce qui est en totale contradiction avec les métrages précédents où elle était présentée comme une poupée en porcelaine avec un corps qui semblait être en tissu et tout semblait confirmer que c'était un jouet d'Andy, elle était enfermée dans le carton avec l'inscription « jouet d'Andy » et on ne voit à aucun moment une lampe. Elle devient donc par magie une décoration pour une lampe et on l'attribue à Molly, c'est problématique d'un point de vue cohérence mais ça affaibli aussi le message « girl power » du film puisqu'un garçon ne peut posséder un jouet / objet féminin, ce qui est évidemment faux.

Comme vous avez pu le remarquer, je parle très peu du nouveau personnage de «Fourchette » car il se révèle finalement assez peu présent après la première partie du film, il est même quasiment oublié pourtant c'est le concept le plus intéressant du scénario qui part dans tous les sens, l'idée un peu à la Lego que l'enfant peut créer son propre jouet et stimuler son imagination avec une simple fourchette en plastoc.
Mais ce n'est pas le seule que l'on oublie, si vous êtes de la team Buzz, vous allez être très fortement déçu, il régresse intellectuellement,

, c'est devenu plus un poids (surtout en faisant intégrer deux peluches racailles au groupe) qu'une aide, il n'est utilisé que pour l'aspect humoristique. Les autres jouets, on peut les zapper.
Toutefois je dois faire une mention spéciale au jouet canadien qui est très drôle, j'oserais même dire que les meilleurs moments du film sont avec lui.

J'ai eu la sensation d'un scénario très brouillon qui part dans tous les sens, une première partie assez classique avec l'originalité de Fourchette qui est une création et non un jouet manufacturé, puis par la suite un sentiment de remplissage avec un méchant peu impactant, ils entrent et sortent de la boutique d'antiquaire de nombreuses fois, affaiblissant les enjeux car on a l'absence d'un endroit oppressant tel que la salle de crèche du troisième Toy Story où il est impossible de sortir ou la chambre du voisin du premier. La fête foraine est très sous-exploitée, j'ai l'impression qu'elle était là pour une démonstration technique du génie de Pixar côté animation.
Bonnie est beaucoup trop jeune pour que l'on s'attache à elle, elle n'a pas véritablement une personnalité construite, ce qui la rend très fade.
Et surtout je suis en désaccord avec la moralité du film et la fin, ce n'est pas logique avec le concept de la saga et la personnalité de Woody, déjà peut-on admettre que des jouets soient amoureux entre eux ? L'amourette entre les deux dans les précédents films était amusante mais sans conséquence, ce qui était très bien ainsi et respectait le concept de jouet.
Ce n'est pas la bonne saga pour faire ce genre de moralité

mais du coup ce n'est plus un Toy Story.