3000 ans à t'attendre...et ça valait le coup ?

Que vaut le dernier né de Georges Miller, le technicien de l'imaginaire amoureux des effets spéciaux ?

3000 ans à t'attendre est une invitation, une promesse d'un voyage dans le temps et dans la contrée des contes de fées.

L'héroïne campée par Tilda Swinton est une narratologue qui vit une vie de solitude, protégée, enfermée dans les milliers de récit qu'elle étudie. Elle fait la rencontre providentielle d'un djinn, vieux de plusieurs milliers d'année qui va lui accorder trois vœux. Mais la femme ne ça pas se laisser convaincre facilement par cette proposition et le djinn devra lui narrer son passé pour peut être parvenir à la convaincre..

Le pari est tenu car ce prétexte scenaristique nous invite à nous balader dans différentes époques du Moyen-Orient. On y croise des personnages haut en couleurs, flamboyants, vêtu de costumes splendides digne d'un film de Gilliam. Chaque histoire narrée par le djinn à sa propre teinte, sa propre morale, est un conte dans un conte et nous donnerait presqu'envie d'en savoir plus, d'en voir plus lorsque le flash-back de termine. C'est donc un grand oui à l'esthétique général, aux soins apportés aux costumes, décors, à cette narration semblable à celle d'un conteur avec la belle voix enchanteresse d'iris Elba qui nous transporte littéralement. J'ai aussi aimer que les personnages des histoires du djinn soient peu bavard, voire totalement muet ou parlant une langue ancienne. Seule la voix du narrateur compte.

On connaît aussi le goût de Miller pour les univers assez sombre, cruel et l'univers du conte (qui ne finissent pas toujours bien) lui sied à merveille.

Pas de profusion de violence cette fois, juste la noirceur de l'être humain qui transparait dans chaque récit.

Le soucis du film réside dans le traitement des histoires d'amour. Tout est traité un peu par dessus la jambe, à commencé par la relation entre le djinn et Alithea. On ne ressent pas l'alchimie. La faute aux acteurs ou au directeur ? Peu importe, la magie n'opère pas dans ce sens et il en va de même pour toutes les relations amoureuses que le djinn a vécu ou provoqué, celle entre lui et Seba, l'esclave et le prince..et j'en passe, je n'ai jamais senti l'étincelle ou le tragique de telle ou telle relation et on nous en montre très (trop) peu. C'est d'autant plus frustrant que l'amour est vraiment le cœur du récit jusqu'au dénouement final.

D'ailleurs analysons chacune d'entre elle. Dans la première le djinn est amoureux mais il va se faire doubler par un rival. Dans la seconde il est spectateur et provoque une relation qui tourne mal, cette relation est basé sur un mensonge. Dans la troisième, il est fou amoureux d'une femme qui ne semble pas partager ses sentiments et enfin dans celle avec Alithea, il aime par dépit, car on lui a demandé c'est donc lui qui ne partage pas les sentiments de la femme. On a donc tous les cas de figures possible mais à chaque fois, ça vise un peu à côté et on y croit moyen.

La profondeur du personnage du djinn en est amoindri. Il est trop lisse et les scènes où il aurait pu se révéler sont survolées pour avoir le temps de raconter chaque histoires et que c'est frustrant à la longue... Il aurait peut être fallu supprimer une des histoires pour approfondir celles restantes et notamment celle du présent avec Alithea car du coup le fil conducteur du film est un peu maigre et on finit par s'en désintéressé surtout dans la dernière partie du film consacré au présent qui n'a plus toute la magie des contes pour tenir.

Jai noté quelques lourdeurs dans le récit et les messages quil veut faire passer comme celui antiraciste qui prône le multiculturalisme...heureusement qu'on ne s'y attarde pas trop car ça sort un peu de nulle part ou c'est trop appuyé, on avait déjà compris la fascination du réal pour les autres cultures.

Le message féministe lui est plutôt bien traité notamment avec le personnage d'inventrice.

Autre petit défaut, c'est l'utilisation du "tout numérique" qui parfois saute aux yeux. C'est parfois vraiment dégueulasse et ça nous sort direct du film.

Mais ça reste un bon film, un beau voyage, qui vous émerveillera pendant deux heures.

uther
7
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le 22 mai 2023

Critique lue 20 fois

uther

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