Ultima Patagonia
7.4
Ultima Patagonia

Documentaire de Gilles Santantonio (2019)

Ah, ben voilà : du concret, du solide, du poétique, du grandiose, du stimulant, du réconfortant, du surprenant, du dépaysant ! Une agréable alternative aux journaux télévisés qui donnent envie d'hiberner 14 mois sur 12 ou d'émigrer vers Bételgeuse. Car ce documentaire d'une heure trente nous emmène au Sud du Chili, sur l'île de Madre de Dios, où, Bonne Mère!, il pleut et caille à longueur d'année, entre deux tempêtes à décorner les bœufs; un voyage en compagnie d'une grosse équipe scientifique qui vous réconcilierait avec l'humanité même en pleine campagne lamentable de présidentielle. Comment exprimer le soulagement de voir ces gens admirables au travail ? Ils montrent une facette de l'humanité souriante, passionnée, savante, ouverte, débrouillarde, solidaire, cultivée, cosmopolite, généreuse, soucieuse de l'environnement, tout ça tout ça, avec laquelle on aimerait passer un peu plus de temps. Au moins ne donne-t-elle pas envie de se percer les tympans pour arrêter d'entendre malgré soi les tombereaux d'inepties qui saturent les ondes ces derniers temps. Mieux : elle donne à voir des plantes inédites, des reliefs étonnants, des processus stupéfiants, donne à comprendre la genèse de paysages stupéfiants et permet de se rappeler qu'on habite un endroit merveilleux, qui a ses propres règles et se débrouille très bien sans nous... Je ne m'en prends qu'à moi quand je conclus que nous nous débrouillerions bien mieux sans nous également... Si vous êtes dans une phase moins saturée de niaiserie que moi, cela ne vous empêchera certainement pas de vous enthousiasmer pour cette expédition en terrain ingrat ou de bondir de joie sur votre fauteuil quand les spéléologues parviendront à cartographier le plus gros réseau souterrain d'eau d'Amérique Latine. Si vous êtes plus sage que moi, vous applaudirez devant leurs réalisations sans maugréer dans votre barbe qu'il faut être bien débile pour couper systématiquement les crédits aux chercheurs et universitaires qui sont pourtant l'honneur de notre nâââtion... Bref, un voyage sur une île du bout du monde, comme dirait l'autre chilien, celui que le Covid nous a chipé, qui échouera peut-être à vous faire adorer les commentateurs politiques mais qui contribue malgré tout certainement à restaurer un peu la fierté du bipède spectateur. Pour peu qu'on continue à regarder vraiment le monde et qu'on conçoive que l'action commune peut faire avancer les choses, qui sait ?, on pourrait peut-être trouver une voie vers le mieux...

Créée

le 18 déc. 2021

Critique lue 81 fois

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