C'est comme si Cyril Aris, dans son premier long métrage de fiction, avait voulu encapsuler l'âme même du Liban et de ses habitants. L'un de ses courts-métrages s'appelait Danser sur un volcan, son film-ci aurait pu s'intituler S'aimer sur un volcan, car c'est bien de cela qu'il s'agit : continuer à vivre, penser à fonder une famille et se résoudre à rester au pays malgré les guerres, l'instabilité politique et les difficultés économiques. Et c'est par le biais d'une belle histoire d'amour, débutée pendant l'enfance, que le cinéaste raconte un monde fragile et merveilleux qui est celui d'une nation ballotée et martyrisée et qui demande courage et résilience pour ne pas avoir envie de la quitter pour des cieux plus paisibles. Si le film manque parfois de fluidité, il ne cesse presque jamais de captiver par sa fantaisie, son humour, sa poésie, son sens de l'absurde et, surtout, sa tendresse immodérée pour ses personnages, tous magnifiquement incarnés, y compris les enfants, qui représentent, à différentes époques, l'espoir et la confiance dans un avenir meilleur. Au fond, le film répond joliment à la question : comment peut-on être Libanais ? C'était difficile, hier, c'est devenu pénible aujourd'hui, mais qui sait si demain, le Liban ne redeviendra pas ce qu'il était, il y a longtemps, désormais, à savoir la Suisse du Moyen-Orient. On peut toujours rêver.