Çà faisait un bout d'temps que je souhaitais revoir ce film, vue lors de sa sortie au grand écran du temple de l'an de grâce Dix-neuf cent quatre-vingt neuf.

Vue et re-vue dans ce sanctuaire obscur au beau milieu de l'assemblée des culs-oint par strapontins, à l'aune d'une arrogante jeunesse au souffle court, pas même mineur, même pas majeur !

1er long-métrage signé Rochant, et, où Éric réussi à pécho' l'air du temps, fixant ainsi sur la pellicule un temps béni à l'argentique... (refrain)

Et d'ailleurs en y r'pensant, on s'dit ici, qu'un noir et blanc avec des effets de couleurs dans l'instant des monuments qui-s'allument-qui-s'éteignent, eu été judicieux voir lumineux.

Mais reconnaissons que çà, c'est c'qu'on s'dit lorsqu'une oeuvre à l'écran touche l'épiderme de nos pixels... Et c'est c'qui se passe, lorsque l'on a fait partie de l'histoire de ce poème cinématographique à la Française, d'un côté de l'écran comme de l'autre.

Car à la revoyure - un monde sans pitié - reste parfois, et ce dès l'introduction, sans pitié à la lumière d'une photo quelque peu délavé au ciel blafard de Paris... bon d'un autre côté, cela donne et renforce l'ambiance d'une atmosphère mélancolieuse qui colle au grain épidermique comme une image à la peau... un grain auquel s'ajoute pour les scènes extérieur nuit, aussi bien que pour les séquences intérieur jour, une palette de couleurs qui tire sur des nuances de vert ; vert avocat, vert asperge, vert olive et vert de Paris ( uh ! sacrée salade !) Une vrai palette de vert, semblable à ce fameux vert de Véronèse qui tire sur les jaunes et dont Théophile Gautier dira à son propos :

Ce vert glauque et prasin, vert idéal et fabuleux, où l'outremer
domine et que les peintres appellent vert de Véronèse.

Une palette de nuance, qui n'est pas s'en rappeler les films des années '70 mais... aisément contrasté par des noirs soutenu, ce qui a pour effet de rendre à l'image une lumière suffisamment classe, voir élégante.

Au tournant des années '80/'90 Rochant chante son désenchantement sur l'air désabusé de ce temps-là. Conscient de son "romantisme à-la-con" tombé en désuétude, dans une société sans plus de formes, ni de noms-de-non, et aux couleurs délavés (nous y voilà) au parfum chuuut' de schit' et au touché voué à la déshumanisation d'un chaos organisé par un néant esclavagiste de toute les couches d'une société où dame-nature est devenu la tapineuse invisible au service des sévices de tous et de chacun pour sa gueule ! Ouais-Ouais ferme-là !

Non "les nuls" n'ont pas encore leur "propre" bibliothèque bien dègu'... où les moules sont fait au con et squatte ainsi les salons et autres dîners de l'art d'être ce con qui ne s'ignore pas ! Mais ça s'en viens... "Touché ma bosse mon seigneur!"

Un monde sans pitié, où la piété se retrouve dans la poésie d'un fil ténu, au courant de la vie dans l'caniveau et de son eau dans la rigole, de ses égouts pas tranquille pour deux-sous sans dessus. Mais quand même, la voilà qui tombe du ciel, malgré tout, et en état d'grâce, elle coule, coule... comme de l'eau d'roche-en long et en travers, là où le j'm'foutisme d'une jeunesse aquoiboniste, pointé par les unes parlant des uns comme de p'tits malins qui finalement trouvent leur chemin sur les bords du fion d'l'raie-publique, ouais-ouais, ré-pu-blique de vraie faux-culs et qui en France et de tout temps et en tout lieux sont le sel de la terre. Et là j'parle des p'tits malins bien sûr !

Une mise en scène subtile, arty, plutôt bien référencé (mur-mure l'encadrement d'un clin d'oeil signé Lucien Aigner) où Éric, loin d'être borgne, lorgne aussi du côté de Doisneau et d'un coup d'oeil, enfantant en quelques flash lumineux, Le Rochant ré-anime du célèbre "Baiser de l'hôtel de ville" le cadre de sa mise en scène sur l'horizon des pavés parisiens, un petit-matin de dialogues, pas à bout d'souffle, et mesure de sa démarche d'apache mi-voyou mi-voyant, la marche du temps que les moins de 20ans peuvent ou ne pas re-connaître.

Alors c'est quoi le synopsis ?

Ben ?! C'est plus comme une atmosphère... où tout est dans l'ambiance d'un chant, d'une chanson... un air du style ;

Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? Puisque c’est ça, vas-y tout seul à la Varenne ! Bonne pêche et bonne atmosphère ! (Hôtel du Nord) https://youtu.be/JRn_EftE-r8

... une sorte de poème qui se teste et qui dit qui s'déteste, soufflant sur l'air du temps un brin de poésie fixé sur pellicule, au temps béni de l'argentique (refrain 2.0)

Par ailleurs la musique signé Gérard Torikian y est surprenante, et semble parfois même décalé, mais, au final, et à l'usage, et preuve du temps... l'ensemble des boucles musicales à répétition, comme autant de gimmicks, se révèle comme un plus... et la traversée des miroirs du temps de son époque, passe bien au-delà, et sans dommage ! Ce qui vue d'ici, où près de 3 décades ont passé, n'est pas peu.

Rochant le romantique, tic-et-tic-et-tacle de son temps, la piété d'un monde sans pitié. Petit chef-d'oeuvre du cinéma de quartier... au ciel de Pâââris♩♫♪ Emprunte de ses fragrances mélancoliques, la chronique d'un monde sans... commisération !

Le revoir... j'ai a-do-ré !

Hey Rochant ?! Là ici... J'te kiff !

Post-Scriptum: En re-revoyant - Un monde sans pitié - alors que l'on ne peut imaginer personne d'autre dans le rôle d'Hippo je me suis surpris à constaté (et çà certainement à cause du jeux parfait d'Hippolyte Girardot) que le rôle serait allé comme un gant à un Patrick Dewaere.

Crin-Blanc
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le 30 juil. 2022

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Crin Blanc

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