Un pays qui se tient sage par tmt

Ça m’embête de laisser un avis très critique de ce film, parce que c'est évidemment un sujet très important et que David Dufresne a réalisé un énorme travail d'archive indispensable... mais je dois dire que j'ai trouvé que le format film, et plus spécifiquement la mise en scène choisie, n'apportaient pas grand chose au propos du réalisateur. (il faut dire que, comme beaucoup de personnes sans doute, j'avais déjà vu une bonne partie des images reproduites au moment de leur captation ou juste après).

Alors qu'est-ce qui m'a gêné dans ce film ? Principalement, la pauvreté de l'articulation des images pour former un propos (un propos qui serait politique, forcément). Pour "faire parler" les vidéos, la réalisation s'appuie principalement sur des "spécialistes" qui parlent d'un point de vue presque exclusivement théorique. Même si leur nom n'est jamais donné (une - la seule ? - originalité de la réalisation), le ton et le vocabulaire employé les trahissent assez vite. Or, même en utilisant ce procédé très simple, j'ai eu du mal à percevoir un fil cohérent et j'ai plutôt eu l'impression d'être confronté à une juxtaposition de critiques (certes très justes) des pratiques policières. La mise en scène des entretiens, où les personnes sont amenés à commenter des images souvent très violentes projetées sur un grand écran collé à leur nez, est à mon sens particulièrement maladroite.

A l'inverse, la place réservée aux protagoniste de l'action (que ce soit des manifestants ou des agents de l'ordre d'ailleurs) est très restreinte. Leur propos, en dehors de l'émotion réelle qu'il produit (il faut dire que quand on fait visionner à quelqu'un des images de tabassage, c'est pas très dur d'être ému), ne permet pas vraiment de valoriser leur parole. C'est une parole restituée hors-contexte, à froid.

Finalement, j'ai eu l'impression d'une mauvaise dissertation où l'auteur aligne les citations et qu'il illustre par des faits bien choisis. Pour moi, l'intérêt du film réside exclusivement dans les exceptionnelles images d'archives qui sont présentées, mais qui sont déjà connues par ailleurs.