Exilé à la suite d'une révolution, le Roi Shahdov débarque à New York. Détroussé par son Premier Ministre peu scrupuleux, il est contraint non seulement à se frotter à la société américaine, mais aussi à travailler pour la télévision pour gagner sa croûte...
Il s'agit là d'un projet autant courageux que personnel pour Charlie Chaplin. Qui réalise, produit, scénarise, compose, et interprète cette oeuvre taclant généreusement le système américain... pour faire écho à son propre passé ? Rappelons que Chaplin fut plus ou moins expulsé des USA en 1952. Il tourna en Europe "A King in New York" (qui sera son dernier rôle principal), et le film ne sortit même pas aux USA à l'époque. Il faudra attendre 1972 pour que les Américains découvrent le film en salles.
Et il est vrai que Chaplin y va fort sur la critique. La première demi-heure est percutante à souhait, se moquant de divers aspects sociétaux : la presse, les groupies et le rock, le cinéma racoleur, la télévision cynique... Ensuite, se greffe une peu grossièrement une intrigue autour d'un petit garçon communiste, critique pas très subtile mais ultra-pertinente du maccarthysme alors encore tout frais.
C'est d'ailleurs le reproche que je ferai au film, un scénario parfois artificiel. Avec ce jeune garçon et ses tirades marxistes poussives, ou cette sous-intrigue de mariage de façade avec la Reine, qui sera à peine développée.
Mais franchement, à côté c'est un plaisir. Charlie Chaplin s'amuse et s'implique, et demeure inspiré dans les gags. Qu'il s'agisse de situations, de visuels, ou de bons mots. Qui n'ont rien de superficiels, chacun contribuant à se moquer du système américain.
Je me suis d'ailleurs surpris à découvrir que plusieurs blagues ou concepts seront largement repompés çà et là dans les décennies qui suivront. Au hasard, la scène de tournage de pub fait furieusement penser à "Kate & Leopold".
Un beau film.