No pasaran

J’ai toujours une grande méfiance devant l’annonce d’un film de Paul Thomas Anderson tant je me suis ennuyé devant certains de ses films. Oui mais … j’en ai aussi adoré d’autres. Bref, il faut tenter le coup.

Les French 75 sont un groupe révolutionnaire opposé à la politique américaine, migratoire notamment. Lors d’une opération de libération de migrants dans un centre de rétention, Perfidia va humilier le commandant du centre, ce qui va créer une relation malsaine entre les deux ennemis. Plus tard, Perfidia disparaît et Pat, son conjoint, va prendre en charge l’éducation de leur fille. Le commandant Lockjaw n’a pas prévu d’abandonner ses recherches pour retrouver Perfidia.

J’avoue qu’écrire un pitch court et compréhensible n’est pas chose aisée. Et pour cause, le récit prend plusieurs directions et repose sur de nombreuses ambiguïtés. Il est ici question d’excès ou, comme on dit aujourd’hui, de polarisation extrême. On voit deux idéologies que rien ne peut réconcilier, créant sans-cesse de nouveaux ennemis dans un camp comme dans l’autre. Chaque décision entraîne une réaction et chaque réaction est une bataille qui entraînera une nouvelle décision et une potentielle plongée dans l’abîme. Ces combats se transmettront tel un héritage qu’on voudrait inscrit dans les gènes. C’est l’Amérique MAGA à l’heure où plus personne ne peut se parler. C’est l’Amérique MAGA sous son jour proto-fasciste. Dans ce récit forcément politique, il y a aussi beaucoup d’humour et de second degré, voire de burlesque. À ce jeu-là, DiCaprio brille et habite ce film d’un désespoir gauche, engagé et largué. À l’opposé, Penn est proprement terrifiant en tortionnaire malade, bon soldat de l’épuration. Tout ce monde-là s’affronte dans un western paumé et dégénéré.

C’est assez fascinant à vrai dire. Jamais tout à fait agréable alors que c’est parfois tape à l’œil. Ça séduit et ça repousse. À vrai dire, un je ne sais quoi fait que ça ne marche pas pleinement. Un climax trop tôt dans le film probablement. La première partie nous prend par la gorge, mais le reste du film ne parvient pas à garder l’étreinte.

En conclusion, je ne partagerai pas l’euphorie de la critique mais l’objet reste indéniablement une profession de foi qui en jette. Jamais ennuyeux, jamais vain, jamais ronflant, on laisse le spectateur se débrouiller avec la morale de cette histoire.

>>> La scène qu’on retiendra ? Il y en a pléthore ! C’est le genre de films qui multiplie les actes de bravoure. Alors, en prenant le contre-pied, choisissons cette scène où d’éminents costards en conciliabule exposent les objectifs d’extermination qui sont les leurs.