Une histoire d'amour et de désir est construit selon des contrastes et des oppositions : pudeur et sensualité, ouverture et préjugés, peur (masculine) et audace (féminine), mots et silence, écrit et oral ... L'exercice pourrait être scolaire mais grâce au talent de Leyla Bouzid, dont le premier long-métrage, A peine j'ouvre les yeux, était mieux qu'une promesse, il devient solaire, tout en grâce et en retenue intense. Le film, merveilleusement fluide et empli d'empathie, raconte une naissance des sens au masculin, cristallisant une situation romantique où la virilité se traduit autrement que par des clichés. Patience et langueur de temps, Une histoire d'amour et de désir n'oublie pas de situer précisément ses deux héros du point de vue social et de donner corps à d'autres protagonistes (le père, la sœur, les amis ...), personnages périphériques importants de la rencontre amoureuse. Au passage, Leyla Bouzid témoigne de la pluralité de la communauté maghrébine, loin des poncifs, là encore, et rappelle la richesse de la littérature arabe de l'âge d'or, enivrée de vin et d'étreintes. Le film est cérébral et poétique, deux qualités en l'occurrence, dès lors qu'il manifeste une une bienveillance douceur (douleur, parfois) permanentes. Une histoire d'amour et de désir possède le charme, presque indicible, des premières fois et des parcours initiatiques. Il en est donc rare et immédiatement précieux. Et universel, aussi, tant qu'il y aura de l'amour sur terre.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Au fil(m) de 2021 et Les meilleurs films de 2021

Créée

le 5 sept. 2021

Critique lue 937 fois

11 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 937 fois

11

D'autres avis sur Une histoire d’amour et de désir

Une histoire d’amour et de désir
David_Teato
8

Un portrait lyrique

"Une histoire d'amour et de désir" est un film qui m'a beaucoup touché. Leyla Bouzid a fait le choix assez original de prendre le point de vue d'un jeune homme et de sa découverte de l'amour et du...

le 16 sept. 2021

4 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13