Michael Keaton, Peter Boyle, Christopher Lloyd et Stephen Furst forment un drôle de quatuor dans Une journée de fous. De sortie à New York, ces pensionnaires d’un asile psychiatrique vont vite se trouver livrés à eux-mêmes…


Pour soigner le comique de caractère, il faut d’abord en faire de même avec la caractérisation des personnages. Howard Zieff semble l’avoir bien compris en nous proposant une galerie de « fous » hauts en couleurs : Michael Keaton campe un écrivain dépressif et violent ; Peter Boyle est un ancien publicitaire qui se prend pour le Christ ; Christopher Lloyd interprète un obsessionnel compulsif convaincu d’appartenir au corps médical psychiatrique ; enfin, Stephen Furst joue un introverti encore en voie de maturation, seulement passionné par le baseball.


« C’est vraiment le pied d’être jeune et cinglé », lâchera Billy (Keaton), le leader naturel du groupe, en quittant l’asile pour se rendre au stade à New York. Le hic, on s’en doute, c’est que rien ne se passera comme prévu dans ce voyage voulu initiatique. Les quatre malades vont être mêlés à des affaires qui les dépassent : agressions, policiers corrompus, meurtre… En rupture avec leur environnement, bien en peine de s’acclimater dans une ville qui voit en eux la personnification du désordre, ils auront en outre à faire face à de fausses accusations… Les rebondissements s’enchaînent et leur vraisemblance apparaît inversement proportionnelle à leur potentiel comique. En creux se dessine cependant une inflexion.


Prenons le cas de Henry (Lloyd). Celui qui annonce d’abord, convaincu, « C’est moi le docteur quand le docteur n’est pas là » va ensuite retrouver sa famille et remettre son bloc-notes de pseudo-thérapeute à sa fille, qui s’en servira pour ranger ses dessins. Là où la médecine traditionnelle a échoué, les malades vont réussir seuls : en affrontant la vie réelle sans faux-semblant, en se serrant les coudes, ils vont tous grandir et gagner en maturité. C’est cette double trajectoire, interne et externe, qui sous-tendra de bout en bout Une journée de fous. Il ne s’agit certes pas de la comédie de l’année, mais elle dispose, avec son casting de choix, ses situations comiques et son propos optimiste, d’atouts appréciables. Et petite cerise sur le gâteau : entre Beetlejuice et Batman, Michael Keaton opère une transition de la comédie vers le drame déjà contenue en germe dans le film de Howard Zieff.


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Cultural_Mind
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le 18 janv. 2020

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