Malgré le talent de ses interprètes, le film de Morgan Simon ne fonctionne réellement que dans son dernier quart d’heure. Le reste du film est prévisible et assez insipide.
Nicole a une vie de rêve. À 52 ans, elle vit dans une cité HLM de banlieue avec son fils de 19 ans, Serge, qui ne la supporte plus. Endettée et sans emploi, elle se voit retirer chéquier, carte bleue, et ses rides se creusent sans qu'elle ne puisse rien y faire. Et si, à l’approche de Noël, la vie se décidait enfin à lui sourire ?
À la fin du film, le réalisateur dédie le film à sa mère. C’est loin d’être une première mais ça dit tout de ce film à regarder au premier degré et peut-être de son caractère autobiographique. Le film fait le portrait honnête de cette quinquagénaire touchante, dépassée, parfois insupportable. La sincérité du film est sa force et sa faiblesse. Tout est très littéral et sans relief, ce qui limite l'impact émotionnel de l'histoire. Les personnages n’ont pas la moindre épaisseur ou complexité.
Ce qui empêche le film d’être plus que ce qu’il n’est, c’est qu’il reste ancré dans une réalité sociale sans jamais avoir l’ambition d’aller plus loin. On reste, pendant la plupart du film, entre deux tours d’une cité HLM. Le film passe un peu par toutes les étapes convenues (les rendez-vous compliqués avec le banquier, les courses au supermarché). Nicole regarde une allocution d’Emmanuel Macron à la télévision.
Même la relation dysfonctionnelle mère-fils pourrait être poignante mais elle ne l’est jamais vraiment car elle est un peu prévisible. Ils s’engueulent, se réconcilient, s’engueulent à nouveau, en viennent aux mains. Le fils fugue. Les conflits s’amorcent et se résolvent sans véritable surprise. Tout ça est un peu prévu et fade.
À intervalles réguliers, on aimerait que le film quitte ce réalisme monotone pour nous emmener vers autre chose, d’un peu plus poignant. Hélas, il faut attendre le dernier quart d’heure pour que le film se décide enfin à nous emmener vers quelque chose d’inattendu. Avec cette barman qui s’invite dans l’équation. Ce personnage chamboule autant l’équilibre des personnages que celui trop programmatique et écrit du scénario.
Heureusement qu’il y a les acteurs. Ils sont excellents. Valeria Bruni-Tedeschi était l’actrice qu’il fallait pour le rôle. Elle a de spécial qu’elle est toujours au bord de la fêlure, entre rires et effondrement, correspondant parfaitement au rôle de Nicole. Félix Lefebvre, dans le rôle du fils, est très bon. Il a quelque chose de la colère rentrée qui finit par exploser. Le jeune acteur, vu chez Ozon ou plus récemment dans Rien à perdre de Delphine Deloget est assurément un jeune comédien à suivre. Quant à l’excellente Lubna Azabal, sa participation brève mais essentielle emmène tardivement ce film balisé vers quelque chose de plus surprenant, et c’est à la fin qu’on est enfin réellement ému.
On pourra regretter que le réalisateur n’exploite pas davantage la bonne idée finale. À force de s’être outrageusement concentré sur la relation mère-fils, le film évacue assez rapidement cette nouvelle configuration qui lie les personnages. J’aurais aimé que le metteur en scène exploite davantage cette nouvelle dynamique pour rendre l'ensemble plus captivant.
Malgré son trio d’acteurs exceptionnels, le film m’a semblé d’une banalité réelle. Le film est sincère, par moments touchant mais j’attends autre chose d’un film. À minima, une expérience cinématographique qui va au-delà des conventions et qui m’emmène ailleurs que sur les sentiers du convenu, du prévisible et de l’émotion évidente.