Vaiana, la légende du bout du monde de John Musker et Ron Clements.


ENFIN ! On l'a attendu, on l'a enfin eu !
2016 aura été une année plus que fructueuse en terme de films d'animation.
- Que ce soit au Japon avec Le Garçon et la Bête et Hana et Alice mènent l'enquête.
- En France avec Dofus, Livre 1: Julith, Tout en Haut du monde et Ballerina.
- Chez Pixar avec Le Monde de Dory.
- Indépendant avec Anomalisa (que je déconseille aux enfants), Sausage Party (que je déconseille encore plus), Ma Vie de Courgette et Louise en hiver.
- Chez Dreamworks avec Kung-Fu panda 3 et...Les Trolls (yerk !).
- Chez Sony avec Ratchet et Clank et Angry Birds.
- Chez Blue Sky avec L'Âge de Glace 5, Les lois de l'Univers.
- Illumination Studios avec Comme des Bêtes.
- Chez Laïka avec Kubo et l'Armure magique.
- Et même Ghibli avec La Tortue Rouge.
- Mais surtout chez Disney Animation Studios puisque nous avons eu Zootopie et maintenant Vaiana, la légende du bout du monde.


Événement extrêmement rare, nous avons eu deux Classiques Disney en une année (bien que l'on n'en aura aucun en 2017, il faut croire que c'était le prix à payer pour avoir été autant gâté).
Ce qui est à la bouche de tous les fans de Disney en ce moment est que nous sommes entré dans le Quatrième Âge d'Or du studio. Depuis La Reine des Neiges la confiance a regagné le public et le milliard obtenu par Zootopie était encore signe que le studio a enfin retrouvé sa noblesse après une période cataclysmique dans les années 2000. Et vu que les chiffres du nombre d'entrées de Vaiana, la légende du bout du monde sont déjà immense rien que pour les avant-première, j'ai bien l'impression que ce nouveau Classique va suffisamment marcher pour que cette période dorée continue (peut-être un nouveau milliard à la clé sait-on jamais).


Et après les nouveaux talents Jennifer Lee, Don Hall, Chris Williams, Rich Moore et Byron Howard, c'est au tour des vétérans du studio John Musker et Ron Clements créateurs d'Aladdin et de La Petite Sirène d'apporter leur contribution à ce nouvel Âge d'Or (bien que les Studios reconnaissent que La Princesse et la Grenouille en fait partie). Et pour la première fois en animation de synthèse (même si ils ont déjà incorporés des incrustations dans chacun de leurs films).


On pourrait penser que la première fois de ces deux réalisateurs old-school à l'animation numérique soit imparfait, mais pas du tout !
Il s'agit même du Disney au visuel le plus beau et gracieux jamais fait. Le film est riche en couleurs vives, l'océan qui est présenté comme un personnage mystique à part entière est plus bleu que jamais (couleurs qui sont gâchés par l'inutilité quai-totale de la 3D, à voir en 2D c'est obligatoire). On passe par une multitudes de décors tropicaux qui caressent la rétine, et le film démontre une créativité bien plus fournie lorsqu'on arrive au Royaume des Monstres bien que la séquence fut courte. Cette aventure que vit Vaiana est d'ailleurs tellement riche en péripéties que l'Océan nous paraît vraiment immense. Musker et Clements ont beau n'avoir réalisé que des films en animation traditionnelle, ils ont exploité les nouveaux outils qui se présentaient à eux à fond.


L'un de ces outils est d'ailleurs bien mieux utilisé que dans d'autres Classiques: la durée. Certains ont remarqué que les Classiques Disney durent de plus en plus longtemps pour mieux raconter leur histoire, et bien là une fois encore c'est utilisé à merveille.


Le film prend son temps de mettre en place ses personnages, son contexte, ses enjeux et sa culture. Il faut attendre une bonne demi-heure avant que l'action arrive. Jamais aucun Disney n'a attendu aussi longtemps avant de lancer l'aventure, l'attachement et l'identification pour Vaiana n'en ressort que plus fort. Et malgré tout on ne s'ennui pas durant cette première partie, l'environnement où évolue notre héroïne étant fascinant et les chansons magnifiques, rythmées et mémorables.


Ah les chansons. Je ne remercierai jamais assez La Reine des Neiges d'avoir redonné confiance au studio en ce qui concerne les comédies musicales. Vaiana, la légende du bout du monde assume encore plus son statut musical que son prédécesseur et jamais gratuitement aux dépends de l'histoire. Que ce soit pour faire avancer l'histoire, exprimer les pensées des personnages ou délivrer subtilement le fond du film, elles remplissent parfaitement leur rôle tout en caressant l'oreille de morceaux faisant honneur à la culture Polynésienne. Mark Mancina, Opetaia Foa'i et Lin-Manuel Miranda ont fait de l'excellent ouvrage. Vivement les prochains Classiques musicaux comme Gigantic et La Reine des Neiges 2 maintenant que Disney a conscience du potentiel immense de ses bandes-originales.


Mais un Classique Disney ne serait rien sans une chose primordiale: un fond, un message, une morale, une philosophie. Quelque chose qui montre que nous avons grandi avec le film et que nous ne l'avons pas vu pour rien. Fort heureusement Vaiana, la Légende du bout du monde ne fait pas exception à la règle.
Le film n'atteint pas la puissance émotionnelle de La Reine des Neiges et ne délivre pas de message humaniste d'actualité comme Zootopie, mais il délivre une philosophie intérieure et ancestrale ainsi qu'une véritable ode à l'exploration et à la découverte.
Et c'est une phrase qui revient souvent dans les chansons du film qui nous guide vers cette direction:


Savoir qui nous sommes.


Pendant toute son aventure, Vaiana ne fait que s'exprimer qu'en tant que chef de sa tribu ou comme une "élue de l'Océan" bien qu'elle se demandait constamment pourquoi elle fût choisie et doutait progressivement d'elle. Ce n'est que lorsque Maui s'en va après le premier affrontement avec Te Kã que sa grand-mère lui fait découvrir la signification de ses derniers mots avant de mourir. Elle n'est pas une élue ou une personne spéciale, elle est une jeune fille qui rêvait d'explorer l'Océan.
Pour Maui, il est un demi-dieu qui fut abandonné par ses parents et qui cherchait donc la reconnaissance parmi les hommes en accomplissant des exploits surhumains pour eux (idée très inattendue et bienvenue de commencer le film par son vol du Cœur de Te Fiti). De ce fait il est imbu de lui-même et cherche donc à aider Vaiana uniquement par envie de retrouver sa notoriété d'antan. C'est lorsque Vaiana lui parle après l'affrontement avec Tamatoa (et ensuite lors de l'affrontement final avec Te Kã) qu'il comprend qu'il n'est pas caractérisé par ses exploits ou ses pouvoirs mais par ce qu'il est et ce qu'il aime faire.
Cette idée se fait évidente lorsqu'il s'avère que Te Kã était en fait Te Fiti qui a été corrompue par le vol de son Cœur et qui a donc oublié qui elle était.
Et lors de la fin, Vaiana ne met pas sa pierre au sommet de l'île mais elle explore enfin l'océan avec sa tribu (avec We Know The Way et How Far I'll Go mélangés en fond justement). Ses ancêtres sont resté sur une île pendant 1000 ans par peur et pour ne pas oublier leurs traditions, mais les paroles de We Know The Way expriment justement que malgré leurs multiples exodes maritimes, ils gardaient en mémoires leurs histoires et perpétuaient leurs traditions dans une "chaîne sans fin" à travers les âges et qu'ils gardent leurs foyers dans leur esprit (d'ailleurs dans la traduction Française, l'on peut entendre les paroles "Je reviendrai" qui dit que même si l'on quitte un foyer, on ne lui tourne pas le dos pour autant et que rien ne nous empêche d'y retourner). Et chose la plus importante dans cette fin et dans ce mix de ces deux chansons phares: Ils explorent l'Océan par passion, parce que c'est ce qu'ils sont et ils savent qui ils sont.


John Musker et Ron Clements nous ont gratifié de leur meilleur film. Jamais ils n'ont atteint une telle maîtrise dans la narration de leurs histoires. Basil détective privé était un film sombre, La Petite Sirène était mignon et romantique, Aladdin et Hercule étaient des films déjantés, La Planète au Trésor était un film épique, La Princesse et la Grenouille était rythmé et coloré, Vaiana la légende du bout du monde est épique et humain.
Dans la lignée de La Princesse et la Grenouille, Raiponce, Les Mondes de Ralph, La Reine des Neiges, Les Nouveaux Héros et Zootopie, un grand Classique Disney qui marquera les mémoires.


L'Avenir des Classiques Disney est plus qu'encourageant...

Housecoat
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le 28 nov. 2016

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Housecoat

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Bon, on va commencer par les points positifs, c'est beau, les graphismes sont magnifique et ça donne envie d'y aller. Et puis y a la tortue de Nemo, c'est cool. ça vaut bien 2 points sur 4. C'est un...

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