Ce mélodrame possède une intrigue ramassée sur deux jours et est construit en trois parties distinctes. D'abord, une équipe de serveuses de restaurant préparant une réunion syndicale proposant un fond social intéressant et atypique, fonctionnant comme une délicieuse exposition. Puis une ballade en bateau contrariée par un ouragan et le refuge providentiel trouvé dans une église, le temps d'une sorte de parenthèse enchantée, hors du temps. Enfin, une dernière partie, plus grave, d'abord par l'irruption inattendue d'une femme, et le poids de la différence sociale (une jolie scène finale). L'élégant couple Charles Boyer, en pianiste français, et Irene Dunne en serveuse syndicaliste (même couple que "Elle et lui" réalisé par Leo Mac Carey sorti cette année là) fonctionne parfaitement. John Stahl, spécialiste (méconnu) du genre, adapte ici un texte de James Cain et opte pour une mise en scène sobre, sans excès, maitrisant les ruptures de tons.