Portaits intimes
Dans ses premières images, Vermiglio délivre une atmosphère écrasante, de longs cadres fixes accompagnés de plages de silence, la voix humaine est rare, les habitations clairsemées dans ce village...
Par
le 19 mars 2025
21 j'aime
4
Dans ses premières images, Vermiglio délivre une atmosphère écrasante, de longs cadres fixes accompagnés de plages de silence, la voix humaine est rare, les habitations clairsemées dans ce village alpin enneigé depuis lequel Maura Delpero (réalisatrice et scénariste) assemble les souvenirs familiaux à partir de photos et de correspondances épistolaires passées.
Le rythme lent, la narration un peu laborieuse, peut-être pour mieux souligner la fatigue des habitants du village , la désillusion accompagnant la fin d'une guerre qui les affame qui enlève les hommes à leurs villages à leur familles, et les rend, lorsqu'ils reviennent, brisés à l'image de Dino deuxième fils de la famille Graziadei ou de son cousin Attilio. La réalisatrice, qui "commet" ici son second long métrage, documentariste réputée, semble donc livrer une chronique douce amère de fin de guerre, celle, au delà du village, d'un pays défait, avec en son épicentre une famille (très) nombreuse, neuf enfants emmenés par un patriarche aimant mais autoritaire, qui évidemment cache un secret puisqu'elle héberge dans une grange un déserteur sicilien.
Pourtant, peu à peu le style austère s'arrondit, les caractères des personnages sont ébauchés, lentement avec une grande douceur, et c'est avec une belle empathie que la cinéaste dessine à sa manière une belle galerie de portraits, de femmes surtout : une mère attentive, une adolescente surprise par la puberté, une jeune femme intriguée puis attirée par le beau sicilien ; toutes animées d'une belle proximité familiale et d'une bienveillance protectrice envers les deux cadettes. Evidemment, l'évocation familiale s'inscrit dans un contexte, dans une autre histoire, celle d'une Italie Mussolinienne rurale, où le déshonneur de la défaite à venir, s'oublie dans la dignité affichée de chacun, comme une chimère inaccessible mais que l'on exige pourtant des autres : le père qui rejette un fils devenu différent, les anciens tournant le dos à l'instituteur parce que sa fille....
Car , "La mariée des montagnes" est également l'histoire d'un amour, d'un mariage
poignante, éphémère et rude
esquissée en toile de fond d'abord, puis déterminant la suite du propos et les enjeux d'une représentation devenue captivante, touchante, une oeuvre sincère et inattendue.
Créée
le 19 mars 2025
Modifiée
le 19 mars 2025
Critique lue 806 fois
21 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur Vermiglio ou la mariée des montagnes
Dans ses premières images, Vermiglio délivre une atmosphère écrasante, de longs cadres fixes accompagnés de plages de silence, la voix humaine est rare, les habitations clairsemées dans ce village...
Par
le 19 mars 2025
21 j'aime
4
Les bonnes nouvelles se sont enchaînées pour Vermiglio, le deuxième long-métrage de Maura Delpero, déjà réalisatrice de l'excellent Maternal : un Lion d'argent à Venise et l'honneur de représenter...
le 25 oct. 2024
12 j'aime
Une véritable pépite transalpine. Mieux, un de ces grands films qui nous arrive sans crier gare, un trésor d'écriture, une photo splendide, un récit si bien tenu, si délicatement fragmenté, la caméra...
Par
le 21 mars 2025
9 j'aime
2
Du même critique
Jamais peut-être depuis 1938 (et le canular fabuleux d'Orson Welles, qui le temps d'une représentation radiophonique de "La guerre des mondes" sema la panique aux Etats-Unis), une illustration...
Par
le 15 avr. 2024
135 j'aime
23
La relative déception qui accompagne la sortie de Mickey 17 n'a finalement rien de surprenant, au vu des attentes probablement démesurées suscitées par le projet depuis sa genèse. Multi récompensé,...
Par
le 5 mars 2025
104 j'aime
12
Accompagné d'une bande annonce grandiloquente, encensé avant même sa sortie par une presse quasi unanime, "The brutalist" se présente d'emblée comme l'œuvre d’un cinéaste malin, notamment par son...
Par
le 10 févr. 2025
103 j'aime
31